Quand le réchauffement s’emballe, quoi de mieux que de casser le thermomètre ? En bon climatosceptique, c’est le réflexe de Donald Trump depuis le mois de janvier pour tout ce qui touche aux questions environnementales. Dernier détricotage annoncé : l’administration américaine a fait savoir vendredi 12 septembre qu’elle souhaitait revenir sur l’obligation faite aux industries américaines les plus polluantes, dont le secteur pétrolier, de calculer leurs émissions de gaz à effet de serre, une mesure qui entraverait les efforts de lutte contre le changement climatique.
«Une fois de plus, cette administration tente de dissimuler les données afin de masquer les dommages, a fustigé Julie McNamara, de l’association Union of Concerned Scientists auprès de l’AFP. Si nous ne pouvons pas dire ce que fait une entreprise, nous ne pouvons pas la tenir pour responsable.»
Mais pour Lee Zeldin, patron de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), que Trump s’attache à dévitaliser décision après décision, ce «programme de déclaration des gaz à effet de serre n’est qu’une formalité administrative qui ne contribue en rien à améliorer la qualité de l’air». Et, astuce, si on enlevait ces obligations, les entreprises feraient des économies, s’est-il permis d’argumenter.
Une exemption jusqu’à 2034 pour le reste de l’industrie
Depuis 2010, le programme impose aux grands pollueurs américains, dont les industries des énergies fossiles, de calculer et déclarer aux autorités leurs émissions annuelles de gaz à effet de serre, parmi lesquelles le méthane et le CO2, qui sont ensuite rendues publiques.
Ce sont des «informations essentielles aux décideurs politiques, aux scientifiques, aux investisseurs et au public», avait insisté au printemps le sénateur démocrate Sheldon Whitehouse, l’un des élus américains les plus mobilisés sur les questions climatiques.
Si cette mesure venait à être confirmée, la majorité des secteurs polluants ne seraient plus tenus de déclarer leurs émissions polluantes. Et les industries restantes, obligées par la grande loi climatique IRA de l’ex-président Biden à déclarer leurs émissions de méthane, bénéficieraient, elles, d’une exemption jusqu’à 2034.
La mesure devrait également compliquer le calcul des émissions totales de gaz à effet de serre du pays, deuxième plus gros émetteur mondial derrière la Chine.
Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump, dont la campagne a été en partie financée par le secteur pétrolier, a enclenché une marche arrière en matière de lutte contre le changement climatique, détricotant les régulations environnementales et multipliant les mesures pour faciliter la production de pétrole et de gaz aux Etats-Unis.