Un incendie qui brûle depuis un mois, un feu qui crée son propre écosystème avec des nuages de fumées gigantesques, et qui n’a pas fini de semer cendres et flammes sur son passage. Depuis sa naissance le 4 juillet, déclenchée par un éclair, l’incontrôlable Dragon Bravo dévore actuellement le site du Grand Canyon, dans l’Etat d’Arizona, dans le sud des Etats-Unis. En l’état, il n’a causé aucune mort, grâce à des évacuations préventives.
Flambée
En près de cinq semaines, le brasier, qui est désormais considéré comme un mégafeu (appellation s’appliquant aux incendies ayant brûlé plus de 100 000 acres, soit environ 40 000 hectares), a calciné 46 500 hectares de végétation, si bien que le Centre national interagence contre les incendies l’a désigné «plus grand feu de végétation de l’année» sur le territoire américain continental (un autre feu, légèrement plus grand, s’étend actuellement sur l’Alaska). «Le comportement du feu que nous observons est sans précédent», a commenté Lisa Jennings, porte-parole de l’équipe de contrôle des incidents dans le Sud-Ouest. «Nous avons eu des vents constants et puissants pendant huit jours de sécheresse. Il y a beaucoup de combustible.»
Alors que les 1 200 pompiers déployés n’ont pu contrôler que 11 % des flammes samedi 2 août, les prévisionnistes anticipent déjà leur extension. Interrogé par le New York Times, le météorologue Benjamin Peterson pointe du doigt «un schéma météorologique sec, venteux et anormalement chaud». Dans le parc national du Grand Canyon, les derniers relevés de pluviométrie ont ainsi relevé 2,5 cm de pluie en juillet, soit plus de 50 % en dessous des normales régionales.
Le Grand Canyon crée «sa propre météo»
Combinées à un taux d’humidité inférieur à 10 %, ces données rendent la végétation d’autant plus inflammable. Le tout est facilité par le fait que le Grand Canyon crée «sa propre météo», comme l’analyse CNN. La topographie du parc national, composée de plus petits canyons, facilite la circulation du vent, qui peut transporter à son aise des braises brûlantes d’un endroit à un autre.
Décryptage
La presse locale, à l’instar de l’Arizona Republic, pointe par ailleurs du droit le désinvestissement public auprès des offices forestiers, instigué par le Doge, ce département un temps dirigé par Elon Musk dédié aux coupes budgétaires. Un phénomène qui a généré une diminution des financements et des postes dédiés à l’entretien des forêts, favorisant une densification des massifs forestiers propice à l’extension des incendies. Dans un contexte de dérèglement climatique qui voit les événements extrêmes se multiplier, les prévisionnistes espèrent un retour de la saison humide. «Jusqu’à présent, la mousson n’est apparue que par courtes rafales», confiait encore Benjamin Peterson. «Les modèles à long terme ne prévoient pas vraiment son retour, mais une ou deux semaines très humides pourraient tout changer.»