Il y a des records qu’on préférerait ne pas battre. Comme celui de la sécheresse qui a touché l’Europe en juillet 2025. Depuis 2012, l’Observatoire européen de la sécheresse (EDO), monitoré par le programme spatial Copernicus, observe de façon satellitaire la planète et l’environnement en recensant les précipitations, l’humidité des sols et l’état de la végétation. En 13 ans, c’est la première fois que l’EDO fait état d’une sécheresse aussi importante en Europe et sur le pourtour méditerranéen, sur la période du 11 au 19 juillet 2025. Le taux a atteint 51,9 % et est supérieur de 21 points par rapport à la moyenne de 2012 à 2024. Il est le plus élevé enregistré sur cette période de l’année depuis le début des observations en 2012. La proportion de sols touchés est stable par rapport à la première dizaine de juillet.
L’indicateur de Copernicus se décompose en trois niveaux de sécheresse : surveillance, avertissement, alerte. Certains pays d’Europe de l’Est et des Balkans, particulièrement concernés par la sécheresse, ont atteint l’échelon le plus haut. En Serbie, 99 % des sols manquent d’eau, soit la quasi-totalité. Le taux d’alerte atteint 68 %. Une situation qui inquiète les producteurs de framboises, dont le pays est un des plus gros exportateurs. Plus de la moitié des sols de Hongrie, Bulgarie et Roumanie sont aussi en situation d’alerte, avec des taux respectifs de 63 %, 52 % et 51 %.
En Europe de l’Ouest, la situation s’est aggravée par rapport à la première dizaine de juillet. Avec 21 % de ses sols en alerte, le Royaume-Uni continue de subir une forte sécheresse, dans la continuité d’un printemps historiquement chaud. En Allemagne, la part du pays en alerte a fortement augmenté, passant de 9 % à 26 % entre la première et la deuxième dizaine de juillet. En France, ce taux atteint 19 %, surtout dans l’ouest du pays.
La sécheresse propice aux feux de forêt
Cette sécheresse favorise les incendies, comme le feu historique et meurtrier qui s’est déclaré mardi 5 août dans l’Aude, dans le sud de la France, et qui reste toujours hors de contrôle jeudi. En juillet, plusieurs zones d’Europe ont été touchées par des feux. Le 17 juillet, un incendie s’est déclenché en Espagne proche de Madrid. Du 22 au 27 juillet, ce sont plusieurs régions de Grèce qui ont été victimes des flammes, des îles jusqu’au Péloponnèse. Le Portugal ou encore la Turquie n’ont pas non plus été épargnés par les feux.
Ce dernier pays souffre également du manque d’eau alors que plus de trois quarts de son territoire sont confrontés à la sécheresse. Le taux d’alerte en Turquie atteint 18 %. Dans la région d’Izmir, dans l’Ouest, cette sécheresse renforce les conflits d’usage autour de l’eau entre touristes et habitants. Ce problème se pose dans d’autres pays du pourtour méditerranéen, qui concentrent 30 % du tourisme mondial et connaîtront selon les climatologues une chute des précipitations au cours des prochaines décennies.
Si le Portugal et l’Espagne ont été touchés par des incendies, ils restent selon Copernicus, relativement préservés de la sécheresse avec des taux assez faibles de 10 % et 7 %.