L’atmosphère est lourde. Sous le soleil d’une fin d’après-midi étouffante, des centaines de manifestants se sont rassemblés à Puylaurens, ce vendredi 7 juin à mi-chemin entre Toulouse et Castres, où doit s’implanter l’objet de leur contestation : l’autoroute A69. Et ce malgré l’interdiction de manifester annoncée en milieu de semaine par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Qu’importe, puisque les organisateurs ont trouvé la parade idéale – s’installer sur un terrain privé au bord du tracé de la future voie bitumée. En revanche, toute marche en dehors de ce camp est bel et bien interdite, a confirmé ce vendredi soir le tribunal administratif de Toulouse saisi en référé liberté par la Confédération paysanne du département.
Récit
A l’entrée du camp, un chapiteau à moitié fermé pour préserver une certaine intimité, fait office de pôle médical. Une demi-douzaine de lits de camp sont alignés, sur lequel un journaliste espagnol se fait panser la cheville gauche. Lia (1), une soignante de 27 ans qui se dit également manifestante, surveille d’un œil. «On n’est pas plus inquiet que d’habitude», tente-t-elle de dédramatiser en replaçant son foulard sur son nez et sa bouche pour ne pas être reconnaissable. Mais elle concède : «Notre plus grande peur, c’est de ne pas pouvoir évacuer les blessés graves, comme ça a été le cas à Sainte-Soline», une manifestation anti-mégabassine