Il fallait d’abord les voir, ces pick-up. Avec leur carrosserie d’éléphant, leurs jantes XXL, leur toit dressé deux mètres au-dessus du sol, leur benne arrière ventripotente, et leur marchepied, indispensable, pour pouvoir se hisser dans l’habitacle. Quoi de mieux pour se rincer l’œil que de visiter le parc automobile du concessionnaire American car city, une institution française au royaume des ogres chromés. Sur son site flambant neuf installé au bord de l’autoroute A6, au Coudray-Montceaux dans l’Essonne, les pick-up sont exposés en ligne par dizaines. Il en existe des jaune fluo, des bleu saphir, des gris métallisé. Les prix affichés s’envolent jusqu’à 180 000 euros. Tarifs tout aussi clinquants que ces voitures trophées.
Ensuite, il a fallu comprendre. Pourquoi ces véhicules lourds et polluants, soumis au malus écologique depuis 2019, sont présentés par American car city comme pouvant «bénéficier d’une exonération» de ladite écotaxe ? Sur Internet, le concessionnaire va droit au but. Les «points forts» des GMC Sierra, Dodge Ram ou autres Jeep Gladiator ? «Modèles exceptés de malus écologique», vantent les annonces. Se soustraire à cette majoration tarifaire peut aller jusqu’à 50 000 euros d’économies. La direction de l’entreprise a donc été sollicitée. «Le message est transmis, les patrons reviendront vers vous s’ils le souhaitent», répondra la dame de l’accueil. Puis plus rien.