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La parcelle de Claude Mourot, éleveur vosgien situé dans le nord-ouest du département, n’est habitée que par une fine couche de neige. «D’habitude il y a mes brebis ici», lâche-t-il, amer. Après trois attaques de loups sur son troupeau en 2023, il a décidé de faire rentrer tout le monde dans la bergerie. «Je ne veux plus prendre de risque.» Il faut dire qu’à Houéville, la bourgade où Claude Mourot tient son élevage, le loup est un traumatisme. En 2015, l’éleveur a perdu 22 brebis à la suite d’une attaque. Après quoi un chien de protection, de nouvelles clôtures électriques et des pièges photographiques ont été installés, pour tenter de repousser le grand prédateur. Et ça a fonctionné, jusqu’à l’an dernier. Les nouvelles attaques ont causé des pertes moins importantes que par le passé, signe de l’efficacité des moyens de protection. Mais le retour du loup près de sa ferme inquiète Claude Mourot. Que pourrait-il faire de plus pour se protéger du canidé ?
Biodiversité
Soucieux d’aider les éleveurs à se protéger des loups, selon ses dires, le gouvernement s’apprête à proposer un nouveau «plan loup», dans lequel il veut allier sauvegarde de l’espèce et du pastoralisme français. La priorité, faciliter l’accès aux tirs pour se défendre des loups. Il prévoit notamment une simplification des procédures de tir, une hausse du taux de «prélèvement» si l’évolution de la population lupine le permet (il est actuellement fixé à 19 %, autorisant la «destruction» de 209 loups en 2024, comme l’année précédente) et la possibilité pour les éleveurs d’utiliser du matériel de vision nocturne afin de repérer l’animal. Il promet aussi d’appuyer le réexamen du statut du loup au niveau européen, pour l’affaiblir. «C’est du niveau zéro de responsabilité politique», rembarre Jean-David Abel, vice-président de France nature environnement. Selon lui, le gouvernement devrait plutôt encourager les réflexions et les moyens alloués au sujet des techniques de protection et des manières de cohabiter entre les éleveurs et les loups. Dans certains départements où la pression lupine est importante, cette cohabitation est difficile mais montre des signes d’amélioration. Les retours de terrain semblent indiquer que le meilleur moyen de défense reste le trio chiens de protection, berger et clôtures électriques.
Eric Guttierrez, éleveur girondin près de Libourne, le sait bien. La présence du loup n’a pas encore été établie dans sa région, mais ça ne saurait tarder. C’est pour cela qu’il s’est déjà équipé de moyens de protection, conseillé par des éleveurs situés dans des zones de présence permanente du loup. Il y en a 120 en France. «Dans quelques années, le loup sera présent partout en France, donc il faut s’y préparer», pose-t-il tranquillement. Eric Guttierrez situe sa position sur la question du loup comme la «voie du milieu». Selon lui, il faut accepter sa présence, l’anticiper dans les zones où il n’est pas encore présent en aidant, notamment financièrement, les éleveurs à se munir de moyens de protection efficaces. Il regrette le fait que le gouvernement se focalise sur les tirs de fusil, même s’il reconnaît qu’ils peuvent être utiles dans les zones où les attaques de loups se répètent et entraînent des pertes trop importantes.