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Sobriété

Consommation d’eau en France : une baisse inédite 3 % à 4 % en 2023

L'eau, une ressource essentielle et menacéedossier
La sécheresse historique de 2022 a poussé les industries et les ménages à économiser l’or bleu, dont la consommation connaît une baisse record, selon des données dévoilées ce jeudi 30 mai. Une réussite qui engendre toutefois des inquiétudes budgétaires.
La prise de conscience de la valeur de l'eau a été favorisée par la sécheresse historique de 2022 où des restrictions sont intervenues dans la quasi-totalité des départements. (Maylis Rolland/Hans Lucas.AFP)
publié le 30 mai 2024 à 16h49

Aurait-on enfin compris l’inestimable valeur de l’eau ? Sa consommation a baissé de 3 % à 4 % en 2023 en France, du jamais vu. Ce résultat prometteur, lié aux efforts de sobriété des entreprises et des particuliers, déstabilise toutefois le financement des services de l’eau.

«En 2023, la consommation nationale a diminué de 3 à 4 %», contre une baisse annuelle de 0,5 à 1 % en moyenne ces dernières années, «atteignant jusqu’à 10 % dans certains territoires», selon des remontées compilées par la Fédération française des entreprises privées de l’eau (FP2E), la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) et Intercommunalités de France, présentées ce jeudi 30 mai.

Prise de conscience des risques de pénurie

Cette accentuation de la baisse se poursuit en 2024, selon Régis Banquet, vice-président d’Intercommunalités de France chargé de l’eau. «Sur les quatre premiers mois, sur ma collectivité, je suis à 3 % de moins», se félicite l’élu, également président de la communauté d’agglomération de Carcassonne (Aude).

L’accélération provient des entreprises comme des ménages, explique Melissa Bellier, conseillère technique de la FNCCR pour le pilotage des services d’eau. «Il y a une prise de conscience de la valeur de l’eau en tant que telle, des risques de sécheresse, de pénurie», a-t-elle précisé, pointant également «la baisse d’activité» subie pour des raisons économiques d’un certain nombre d’industries et, pour certaines, des investissements dans des équipements plus économes. La prise de conscience a été favorisée par la sécheresse historique de 2022, marquée par des restrictions d’eau dans la quasi-totalité des départements métropolitains.

Si cette plus grande sobriété est saluée par les auteurs de l’étude, elle engendre de fortes inquiétudes budgétaires. De fait, les recettes des services d’eau et d’assainissement sont «assises sur les volumes d’eau consommés à plus de 80 %», rappelle l’étude. Or, ces services sont «aujourd’hui face à un mur d’investissements», souligne Hervé Paul, vice-président de la FNCCR.

Quelque 30 milliards d’euros vont être nécessaires dans les prochaines années, dont environ la moitié pour le renouvellement des réseaux, et une autre moitié pour «les sujets de pollution», selon Régis Banquet, qui fait le constat d’un modèle de financement «à bout de souffle». Les acteurs ont donc élaboré une liste de 25 propositions pour y remédier, notamment pour donner plus de latitude aux collectivités et pratiquer des tarifications plus adaptées à leur territoire.