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Climat

COP28 : tout ce qu’il faut savoir sur les coalitions, centrales pour les négociations

Lors du sommet à Dubaï, qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre, les négociations climatiques feront l’objet de vives discussions entre des blocs de pays regroupés par intérêts.
Les 198 signataires, composés de 197 Etats et de l’Union européenne, sont divisés en de multiples blocs de négociation. (Amr Alfiky/REUTERS)
publié le 29 novembre 2023 à 9h33

Au cours de chaque COP, les «parties» signataires de la Convention de l’ONU sur les changements climatiques tentent de défendre leurs intérêts. Ces 198 signataires, composés de 197 Etats et de l’Union européenne, peuvent prendre la parole en leur nom propre via une délégation nationale. L’union faisant la force, ils sont également organisés en cinq groupes régionaux, pour des raisons administratives : groupe africain, arabe, asiatique, européen de l’Est et occidental. Mais en parallèle de cette structure, des coalitions d’intérêts plus ou moins informelles se sont aussi créées au fil du temps autour de l’UE, des pays les moins avancés ou des Etats insulaires.

Chaque pays a la possibilité de rejoindre une ou parfois plusieurs de cette douzaine de blocs de négociations, qui peuvent être à la fois un héritage du passé ou le fruit des COP successives. Tout au long des négociations, qui durent officiellement treize jours pour la COP28 à Dubaï, les alliances entre les blocs et les différents pays se tissent et se défont en fonction des propositions et des difficultés rencontrées. Tour de table non exhaustif.

Union européenne

Les 27 Etats membres de l’Union européenne, qui ne disposent pas d’un droit de vote séparé, forment à eux tout seul une coalition. L’UE parle donc d’une seule voix lors des négociations climatiques, en tant qu’organisation régionale d’intégration économique. La présidence, qui change tous les six mois, est assurée par l’Espagne jusqu’au 31 décembre 2023.

Groupe des 77 + Chine, composé de 134 pays

Le groupe de 77 pays en développement est né en 1964 et représente aujourd’hui le plus grand bloc de négociation. Même s’il n’a pas changé de nom, il est composé désormais de 134 pays, qui sont généralement alliés à la Chine, dotée d’une singularité et membre à part entière. Le G77 + Chine dispose d’une présidence tournante annuelle, dont Cuba s’est emparée pour la première fois cette année. Ce groupe est actif dans de nombreux autres forums de l’ONU.

Mais au sein de cette coalition de grande ampleur, les désaccords et les intérêts divergent. «Les pays en développement montrent rarement un front uni», relève Jennifer Allan, experte à l’International Institute for Sustainable Development. En réaction, ces pays en voie de développement ont créé de nombreuses autres coalitions plus homogènes : Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba), Alliance des petits Etats insulaires (Aosis), Pays les moins avancés (PMA) ou encore Association des Etats indépendants d’Amérique latine et des Caraïbes (Ailac).

Pays les moins avancés (PMA)

Ce groupe compte 46 pays et rassemble les pays les plus pauvres, de la Somalie au Bangladesh, en passant par le Yémen et le Cambodge. Ces pays, très peu émetteurs, sont pourtant les plus vulnérables face aux conséquences du changement climatique et réclament des financements pour tenter d’y faire face. Lors de la COP28, le groupe PMA sera présidé par le Népal.

Alliance des petits Etats insulaires (Aosis)

Fondée en 1990 par des îles ou archipels en développement dont l’existence est menacée par la montée des eaux, l’Aosis réunit 39 Etats et représente 1 % de la population mondiale. L’alliance regroupe l’ensemble des pays en première ligne face aux effets du changement climatique : Maldives, Haïti, Kiribati, Tuvalu… Bien qu’ayant une petite structure, cette coalition est très active lors des conférences sur le climat. Ils ont été les premiers à proposer un projet de texte lors des négociations du protocole de Kyoto en 1997 en appelant à une réduction des émissions de dioxyde de carbone.

En 2021, lors de la COP26, le ministre des Affaires étrangères, de la Justice, et de la Communication de l’archipel de Tuvalu avait fait un discours rapidement devenu viral. Les pieds dans l’eau, debout derrière un pupitre, Simon Kofé dénonçait l’inaction des dirigeants politiques face la montée des océans, l’une des conséquences du réchauffement climatique. L’alliance des petits Etats insulaires est cette année présidée par les Samoa.

Basic

Ce groupe réunit les puissances émergentes : Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine. Il est apparu en 2009 lors de la COP15 à Copenhague afin de définir une position commune.

Association des Etats indépendants d’Amérique latine et des Caraïbes (Ailac)

Cette coalition fluctuante de sept pays a été créée en 2012, à la suite de la COP18 à Doha, pour donner une nouvelle impulsion aux négociations. Elle tend à présenter une position conciliante entre le Nord et le Sud. Elle est actuellement composée de la Colombie, du Costa Rica, du Guatemala qui la préside, du Honduras, du Panama, du Paraguay, du Pérou et du Chili.

Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba)

L’Ailac est souvent présentée comme la version «centriste» de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (Alba). Cette dernière adopte en effet des positions jugées plus radicales, comme la création d’un tribunal international pour la justice climatique. Cette coalition vise à promouvoir la coopération entre 11 pays de l’Amérique latine et des Caraïbes, notamment le Venezuela, Cuba ou encore la Bolivie ; et à fournir une alternative à la zone de libre-échange des Amériques promue par les Etats-Unis.

«Umbrella Group»

Le «groupe parapluie» est une coalition informelle créée après l’adoption du protocole de Kyoto en 1997 par un certain nombre de pays développés hors de l’Union européenne ou de pays de l’ex-URSS : Australie, Canada, Etats-Unis, Islande, Israël, Japon, Kazakhstan, Nouvelle-Zélande, Norvège, Royaume-Uni et Ukraine. Elle est généralement opposée aux intérêts du G77 ou des PMA. Lors de la COP21, ce groupe s’est par exemple opposé à la création d’un fonds de pertes et dommages causés par le changement climatique dans les pays en développement.

Climate Vulnerable Forum (CVF)

Cette coalition de négociations regroupe 58 pays qui se disent particulièrement affectés par le changement climatique, avec une population totale d’environ 1,5 milliard de personnes. Fondé en 2009, le CVF est actuellement présidé par le Ghana et composé notamment des Maldives, des Philippines, du Rwanda, de la Tanzanie ou encore de l’Afghanistan.