Un nouveau volet de négociations onusiennes sur le climat est sur le point de s’ouvrir à Dubaï, aux Emirats arabes unis. Du 30 novembre au 12 décembre, des dirigeants de gouvernement, d’entreprise, d’ONG et des personnes issues de la société civile se réuniront lors de la COP28, présidée par un Emirati PDG d’une compagnie pétrolière, afin «d’accélérer le rythme des mesures prises pour lutter contre la crise climatique», annonce l’ONU, car «l’effondrement climatique a commencé».
2023 pourrait en effet être l’année la plus chaude jamais enregistrée. Mais c’est depuis plus de trois décennies que des négociations internationales autour du changement climatique tentent de briser les conséquences en cascade de ce réchauffement, phénomène causé par les activités humaines. Retour chronologique sur les dates importantes de ces appels climatiques.
6 décembre 1988 : création du Giec
Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) a vu le jour en 1988 sous l’égide des Nations unies. Cet organisme intergouvernemental composé d’une centaine d’experts et de chercheurs bénévoles a pour rôle de synthétiser la littérature scientifique existante, d’analyser le changement climatique et le rôle de l’activité humaine. Le Giec produit à intervalles réguliers des «rapports d’évaluation» qui constituent la principale base de travail des négociations internationales sur le climat. Son premier rapport, publié en 1990, affirme que les émissions dues aux activités humaines augmentent la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, phénomène qui réchauffe ensuite la planète.
Six différents rapports ont déjà été publiés, dont trois «rapports spéciaux» consacrés à des thématiques précises : l’impact d’un réchauffement mondial de 1,5 °C, les océans et le monde des glaces ainsi que les sols de la planète. Le «rapport d’évaluation» a quant à lui été découpé en trois différents volets : sur l’évolution du changement climatique, ses conséquences et enfin sur les solutions.
3 juin 1992 : ouverture du sommet de la Terre à Rio
Le sommet de la Terre organisé à Rio de Janeiro, au Brésil, du 3 au 14 juin 1992, après ceux de Stockholm en 1972 et de Nairobi en 1982, lance un premier appel pour une réduction volontaire des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère «à un niveau qui éviterait toute perturbation dangereuse du climat». Il élabore et adopte une Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), en s’appuyant sur le premier rapport du Giec. La CCNUCC est aujourd’hui universelle et ratifiée par 197 Etats, plus l’Union européenne.
A partir de 1995, une Conférence des parties, ou «COP», rassemble chaque année dans une ville différente, les pays signataires de cette convention pour faire progresser la lutte contre le changement climatique.
11 décembre 1997 : adoption du protocole de Kyoto
Le protocole de Kyoto, adopté en décembre 1997 à l’issue de la COP3 au Japon, engage les pays les plus industrialisés à réduire, sur une période allant de 2008 à 2012, leurs émissions de gaz à effet de serre de 5,2 % par rapport à 1990. Il s’agit du premier accord international contraignant sur de tels engagements chiffrés. Il entre en vigueur en 2005.
Toutefois, la portée du protocole de Kyoto est amoindrie par le fait qu’il n’engage pas les grands pays émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil. Ces pays en développement doivent seulement s’acquitter de simples obligations d’inventaire d’émissions polluantes. En parallèle, le protocole ne contraint ni les Etats-Unis ou l’Australie, qui refusent de le ratifier. Le Canada et la Russie enterrent aussi leurs engagements en se retirant du protocole.
12 octobre 2007 : le Giec récompensé du prix Nobel
Le Giec, qui estime dans son quatrième rapport que le réchauffement planétaire est désormais «irréfutable» avec, comme conséquence, la multiplication des événements extrêmes, reçoit en octobre 2007 le prix Nobel de la paix. La récompense est en réalité double : Al Gore, ancien vice-président américain à l’origine du documentaire de sensibilisation sur le réchauffement Une vérité qui dérange, reçoit lui aussi ce prix honorifique. Une récompense conjointement décernée «pour leurs efforts de collecte et de diffusion des connaissances sur les changements climatiques provoqués par l’homme et pour avoir posé les fondements pour les mesures nécessaires à la lutte contre ces changements», saluait alors le président du Comité Nobel norvégien, Ole Danbolt Mjos.
18 décembre 2009 : déception de Copenhague
Organisée du 7 au 18 décembre 2009, la COP15 de Copenhague, au Danemark, échoue à parvenir à un accord mondial universel pour contenir le changement climatique, malgré de nombreuses attentes. Elle débouche malgré tout sur un texte politique, négocié in extremis, impliquant la Chine et les Etats-Unis. Ce texte, non contraignant, ne chiffre aucun engagement de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il fixe seulement un objectif de limiter la hausse de la température de la planète à +2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, mais reste évasif sur les moyens.
12 décembre 2015 : signature de l’accord de Paris
Après douze jours de marathon et quatre ans de négociations, les 196 «parties» de la conférence sur le climat avaient accouché d’un texte inédit. Adopté à l’issue de la COP21 qui s’est tenue du 30 novembre au 12 décembre 2015 en France, l’accord de Paris est le premier pacte engageant l’ensemble de la communauté internationale avec, comme objectif global, de maintenir la hausse de la température moyenne mondiale «bien en deçà de 2 °C» par rapport à l’ère préindustrielle et, si possible, de «poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels». L’accord de Paris a aussi fixé un objectif de zéro émission nette, «de façon à parvenir à un équilibre entre les émissions par les sources anthropiques et les absorptions par les puits de gaz à effet de serre au cours de la deuxième moitié du siècle». Ce traité n’a pourtant aucun objectif contraignant par pays et sa mise en œuvre est assurée à l’échelon national.
Un premier «bilan mondial», publié en septembre 2023, a notamment permis d’évaluer les engagements pris par les Etats dans le cadre de cet accord de 2015. Cet inventaire des efforts réalisés par les Etats sera au cœur de la COP28. Sur la base de ce bilan, les pays au bilan insuffisant devront s’engager à rehausser leurs ambitions et à améliorer leurs plans d’action climatiques, dont ils devront soumettre la révision à l’ONU en 2025.
20 août 2018 : Greta Thunberg se met en grève pour le climat
Une Suédoise de 15 ans, Greta Thunberg, s’installe devant le Parlement suédois un vendredi d’août 2018 avec une pancarte «Grève de l’école pour le climat». En quelques mois, de Berlin à Sydney, de San Francisco à Johannesburg, la jeunesse lui emboîte le pas. Le mouvement «Fridays for Future» est né. Greta Thunberg, qui annonce en juin 2023 mettre fin à sa «grève de l’école» du vendredi, est devenue le symbole mondial d’une génération en lutte pour le climat.
Des organisations comme Dernière Rénovation ont par la suite vu le jour en France pour sauver le monde de demain.
20 novembre 2022 : une COP27 décevante
L’année 2022 a été marquée par un nouveau record d’émissions mondiales de dioxyde de carbone générées par les énergies fossiles, en atteignant 36,8 milliards de tonnes, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Pourtant, la COP27 de Charm el-Cheikh, en Egypte, organisée du 6 au 20 novembre 2022, s’est conclue sur un échec à fixer de nouvelles ambitions pour la baisse des émissions de gaz à effet de serre. «Nous devons drastiquement réduire les émissions maintenant – et c’est une question à laquelle cette COP n’a pas répondu», annonce même le secrétaire général de l’ONU, António Guterres.
Les pays du Sud saluent toutefois la création d’un fonds destiné aux «pertes et dommages» du réchauffement climatique. Indemniser ces dégâts climatiques est depuis trente ans une demande forte des pays en voie développement, les plus vulnérables.
19 décembre 2022 : adoption de l’accord de Montréal sur la biodiversité
Adopté en décembre 2022 à l’issue de la conférence de l’ONU sur la biodiversité au Canada (COP15), l’accord de Montréal vise à enrayer la destruction de la biodiversité avec pour objectif «que, d’ici 2030, au moins 30 % des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines […] soient efficacement conservées et gérées». L’appauvrissement de la variété des formes de vie sur Terre découle directement de l’activité humaine, en particulier du changement climatique.
Le texte comporte quatre grands objectifs mondiaux à horizon 2050 : réduction des menaces envers la biodiversité, utilisation et gestion durable de la biodiversité, accès et partage des avantages issus des ressources génétiques, et enfin des moyens de mise en œuvre de ce cadre.
20 mars 2023 : le Giec alerte dans son sixième rapport
En mars 2023, le Giec sonne l’alarme lors de la publication de son sixième rapport. Le réchauffement climatique atteindra la limite souhaitable fixée dans l’accord de Paris de +1,5 °C dès les années 2030-2035, voire à la fin de cette décennie selon les scénarios les plus pessimistes. Les conséquences vont «continuer à s’intensifier» car la température grimpera au moins jusqu’en 2040. Dans le pire des scénarios, la planète sera 4,4 °C plus chaude à la fin du siècle.
Les mois de juin, juillet, août, septembre et enfin octobre donnent raison à cette nouvelle alerte rouge : ils ont enregistré les températures mondiales moyennes les plus élevées jamais mesurées, selon l’observatoire européen Copernicus.