«Libération» publie tout l’été une série de reportages, en partenariat avec le Comité français de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) consacrés aux grands enjeux liés à la biodiversité, à l’occasion du Congrès mondial de la nature de l’UICN, organisé du 3 au 11 septembre à Marseille.
C’est une forêt que les Catalans vénèrent comme une cathédrale. A cheval sur la frontière franco-espagnole, nichée à plusieurs mètres d’altitude au-dessus de la station balnéaire d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales), la Massane est le dernier contrefort des Pyrénées avant la Méditerranée. Vieille de plusieurs millénaires, elle a résisté aux périodes glaciaires ; surtout, elle n’a pas été touchée par l’homme depuis 1880. Du moins officiellement. D’après son conservateur, Joseph Garrigue, certaines parties seraient vierges depuis plusieurs siècles. Un exploit à l’échelle nationale et même mondiale, à l’heure du productivisme. La forêt a aussi la particularité d’être mature et donc d’accueillir tous les cycles de l’arbre, de jeune à vieux. «Elle est là, juste derrière la ligne de crête, entre la tour de la Massane et le pic Sallafort», montre de l’index notre homme à bord de son pick-up. Trente ans qu’il bataille corps et âme pour sa protection.
Dès les années 60, la Massane a fait l’objet de luttes écologistes, notamment contre un gros projet immobilier avec héliport ayant pour slogan : «Fontainebleau à 3 kilomètres de la Méditerranée». En 1