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Le Libé des océans

Dans le Var, les pêcheurs eux-mêmes se sont interdit la zone du cap Roux depuis 2004 : «On a eu des résultats qu’on n’attendait pas»

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Le «cantonnement» mis en place par les pêcheurs il y a plus de vingt ans, a permis une régénération spectaculaire des espèces, tant en quantité qu’en taille.
Depuis 2004, les pêcheurs ont décidé de se priver des 445 hectares qui longent les six kilomètres de littoral du cap Roux. (Franck Chaput/Hemis.AFP)
par Mathilde Frénois, correspondante à Nice
publié le 3 juin 2025 à 7h23

A l’occasion de la conférence des Nations unies sur l’océan (Unoc3), à Nice à partir du 9 juin, retrouvez tous les articles du Libé des océans, en kiosque le 6 juin, dans notre dossier.

Là-bas, le calme plat n’existe pas. Constamment ballotté par les vents et les vagues, le cap Roux (Var) se révèle souvent inabordable par la mer. L’endroit est ingrat pour qui navigue l’hiver. Il y a des moutons par vent d’ouest, le mauvais temps quand ça vient d’est. «Il faut les chaussures à bascule», s’amuse Gérald Soccoja, premier prud’homme de pêche (1), qui a donc troqué son bateau pour sa voiture, afin de rejoindre ce trait de côte. De toute façon, interdiction ici de lancer filets et casiers : ce petit bourbier de Méditerranée est rayé du secteur par les pêcheurs depuis vingt-deux ans.

C’est qu’ils ont décidé, eux-mêmes, de se priver de ces 445 hectares, qui longent 6 kilomètres de littoral. Une initiative rare en France, qui a donné naissance à un «cantonnement de pêche». «La première réunion a eu lieu en 1985, se souvient Gérald Soccoja, 71 ans. On n’avait pas les lois sur l’environnement, l’Europe, le lobby de la plaisance. On voulait un regard de la mer vers la terre.» Et surtout, «garder la main».

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