Des actions coup de poing pour dénoncer les «vrais responsables» de la crise agricole. Tôt ce jeudi 22 février, des militants de Greenpeace ont visé des sites des groupes agroalimentaires dont Avril, géant français des huiles et protéines végétales, et LDC, numéro 1 de la volaille en France. Des groupes «qui incarnent le système agroindustriel actuel et sont responsables de la crise sociale et environnementale qui touche aujourd’hui» le secteur agricole, dénonce l’organisation de protection de l’environnement dans un communiqué publié ce jour. Dans ce document, Greenpeace demande notamment «une meilleure rémunération des agriculteurs, la définition d’un cap clair pour mettre en œuvre la transition de notre système agricole et un encadrement strict des pratiques de l’agro-industrie».
Analyse
Greenpeace organisait ce matin six actions en simultané dans six villes françaises. Cinq étaient dirigées contre des grands groupes, notamment le numéro un mondial des semences et des pesticides, le groupe Bayer à Toury (Eure-et-Loir), la multinationale de produits laitiers Lactalis-Nestlé à Lisieux (Calvados), et le tout premier Leclerc de France à Landerneau (Finistère). Une autre a visé le siège parisien du syndicat agricole FNSEA, à deux jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture. «On sera très vigilants sur ce qui sera annoncé au Salon», a prévenu Ariane Malleret, chargée de campagne agriculture à Greenpeace France.
«On demande au gouvernement de mettre un cap clair sur la transition écologique»
A Bruz, en Ille-et-Vilaine, trois militants de Greenpeace sont arrivés en fourgon avant de déboulonner le logo du géant agroalimentaire Avril – qui détient les marques Lesieur et Puget – situé en bord de route. Après avoir déployé deux échelles, ils ont dévissé les plaques du logo pour le remplacer par une banderole «Avril se gave : agriculteurs exploités» – le président de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA), Arnaud Rousseau, est également président du conseil d’administration d’Avril. «On est devant le groupe Avril qui est un des tenants de ce système agroindustriel qui appauvrit les agriculteurs et les agricultrices», a déclaré à la presse Ariane Malleret. «Aujourd’hui on demande au gouvernement de mettre un cap clair sur la transition écologique, pour ça il faut prendre à bras-le-corps la question des inégalités, des revenus qui est exprimée par cette colère du monde agricole», a-t-elle ajouté.
A Sablé-sur-Sarthe, dans la Sarthe, le logo sur le toit du groupe LDC – qui commercialise les marques Loué, Le Gaulois et Maître Coq – n’a pas non plus fait long feu. Des militants l’ont démonté puis l’ont chargé dans un camion. A la place, c’est une banderole «LDC se gave : agrobusiness coupable» qui est apparue. «On perd de plus en plus d’exploitations en France aujourd’hui tandis que les profits des groupes comme LDC, comme Avril, ne cessent d’augmenter. Du coup, il y a vraiment quelque chose à mettre en parallèle entre l’expansion de ces gros groupes aujourd’hui et la destruction d’autre part du monde paysan», a dénoncé Eric Moranval, chargé de campagne Forêts et agriculture pour Greenpeace France. «LDC a clairement sa part dans cette érosion puisqu’il concentre aujourd’hui près de 40 % des parts de marché de la volaille de chair en France aujourd’hui», a-t-il précisé. Contacté par l’AFP, le groupe LDC, qui a bien «constaté le démontage de ses trois lettres» sur son site de Sablé, a dit ne pas faire de commentaires.