Il parle d’une «priorité» mais il n’aura même pas fait semblant de s’y intéresser. Ce mardi 14 janvier à l’Assemblée nationale, le Premier ministre, François Bayrou, n’a consacré qu’une minute et trente secondes de son discours de politique générale à la planification écologique, enjeu politique majeur et d’importance vitale dont il a la charge. Dans cet exercice, ses deux prédécesseurs, Michel Barnier et Gabriel Attal, avaient pris la peine et le temps d’invoquer leur vision face aux «bouleversements climatiques» (François Bayrou n’a prononcé qu’une fois ce mot, lorsqu’il parlait d’immigration), même si les propos étaient déjà peu engageants et laissaient craindre une relégation de la transition écologique au second plan de l’agenda politique. Avec François Bayrou, les choses sont encore plus limpides : la planification, dont l’objectif premier est de mener la France à une baisse nette de ses émissions de gaz à effet de serre de 55 % en 2030, n’est tout simplement pas dans son logiciel.
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Le Premier ministre était d’autant plus attendu au tournant, ce mardi, que les émissions de gaz à effet de serre françaises sont reparties légèrement à la hausse lors du dernier trimestre 2024. Mais en l’espace d’une minute et trente secondes, François Bayrou a simplement réitéré des poncifs sur la nécessité de «finaliser la stratégie bas carbone» (la feuille de route climatique dans les tuyaux depuis plus d’un an mais toujours attendue) et de «produire de façon décarbonée». En une phrase, il a fait mention de sa préférence pour le nucléaire et la géothermie. En une autre phrase, il a évoqué l’hydrogène et le plan vélo, sabré par Michel Barnier. Côté agriculture, le Premier ministre a préféré donner des gages aux exploitants, tirer sur l’Office de la biodiversité (OFB), la police de l’environnement, en fustigeant des fonctionnaires «une arme à la ceinture dans une ferme déjà mise à cran par la crise» et reprendre à son compte l’idée de «conférences» sur l’eau (annoncée par Michel Barnier) plutôt que de parler de transition – alors que le secteur est responsable de 20 % des émissions. Et puis c’est tout.