Sur les cartes de prévision de Météo France, les couleurs s’assombrissent. Orange clair, rouge foncé, bordeaux : à partir de ce lundi 11 août, les températures vont s’embraser sur une large partie de la France métropolitaine, en particulier dans le sud-ouest du pays. Dans cette région teintée d’un rare violet profond de l’Aude à la Charente-Maritime, jusqu’à 43 degrés sont attendus localement.

Interviewé par BFM, le ministre de la Santé Yannick Neuder a reconnu qu’il s’agissait d’«une journée à haut risque qui nécessite la mobilisation de tout le monde». Comme à l’ordinaire, a poursuivi le ministre, «le plus gros risque est surtout pour les personnes vulnérables, les personnes âgées, les gens de plus de 65 ans qui sont isolés et peuvent être victimes de la chaleur du fait de leur pathologie sous-jacentes».

Face à ce nouvel épisode caniculaire, le deuxième de l’été après celui du mois de juin, Météo France a placé 12 départements du sud-ouest en vigilance rouge pour «canicule» à partir de lundi midi, et jusqu’à mardi, minuit. Cette vague de chaleur devrait être «moins intense et moins longue que celle d’août 2003», souligne la prévisionniste Christelle Ropert. Elle n’en reste pas moins exceptionnelle.

Dépasser les 40 degrés n’a rien de «normal», même en plein été, rappelle sur X l’agroclimatologue Serge Zaka, «les températures prévues [lundi] seront 14 à 17 °C au-dessus de la moyenne pour un 11 août». «Non, 43 °C à Bordeaux c’est pas l’été, c’est l’enfer, abonde le site Météovillages. La normale d’août dans cette ville est de 26-28 °C». Météo France confirme : la température maximale moyenne de la préfecture de la Gironde, au mois d’août, entre 1991 et 2020, est de 27,6 degrés. Et même si l’on retrouve, par le passé, des villes ayant dépassé ponctuellement les 40 °C, c’est bien la récurrence et la multiplication de ces pics qui posent problème.

Comme le rappelle Météo France, «les cinq étés les plus chauds depuis 1900 se sont tous produits au XXIe siècle : 2003, 2022, 2018, 2023, 2019.» L’actuelle vague de chaleur d’août 2025 pourrait-elle rejoindre le top 5 ? C’est dans l’ordre du possible. Les températures caniculaires attendues en ce début de semaine «pourraient s’apparenter à celles d’août 2023 en termes d’intensité», avance Christelle Ropert. La canicule 2025 pourrait même faire tomber les records de 2023 – comme celui de 42,4 degrés le 23 août à Toulouse. Le record absolu en France, 46 °C à Vérargues dans l’Hérault en juin 2019, semble, lui, inatteignable.

Cette nouvelle flambée thermique, alimentée par la tempête tropicale Dexter, doit durer jusqu’au week-end. A partir de mardi, ce sera au tour de la moitié nord du pays de suffoquer. La vague de chaleur s’étendra progressivement en Ile-de-France et dans le Grand-Est, avec certes des températures moins torrides que celles de lundi en Aquitaine, mais tout de même élevées. 38 degrés attendus à Nîmes, Paris, Besançon, et même 36 degrés à Lille. Dans le Sud-Ouest, à peine rafraîchi par un vent venu de l’Atlantique, il fera encore très chaud – entre 38 et 40 degrés – mais moins que les jours précédents. La région devrait d’ailleurs repasser en vigilance «orange» mardi, hormis le département de l’Aude en proie à un violent incendie tout juste maîtrisé.

Pas de quoi décourager les participants au concours international de pétanque, qui a lieu cette année en Aveyron. Dans ce département, placé en vigilance orange, les campeurs installés pour l’occasion dans la commune d’Espalion souffrent. «Avec la canicule, la tente se transforme en chambre de sudation», témoigne auprès de Libération Alicia, Montpelliéraine de 32 ans, pourtant habituée à la chaleur.

Les niveaux de vigilance tiennent justement compte de cette «sensibilité locale des températures», explique Damien Griffaut, de la Direction des opérations pour la prévision à Météo France. «Les populations du Sud sont plus régulièrement exposées à des épisodes de fortes chaleurs que dans le Nord.» Ainsi, les seuils d’alerte canicule divergent en fonction des départements : en Haute-Garonne, il doit faire 36 degrés en journée et 21 degrés la nuit, tandis que dans la Manche, il suffit d’atteindre les 31 degrés le jour et 18 degrés la nuit.

A ce sujet, les nuits seront particulièrement brûlantes sur l’ensemble du pays cette semaine, notamment dans le nord du pays, où les heures nocturnes vont être «assez difficiles à vivre», alerte Christelle Ropert. Dès la nuit de lundi à mardi, «on ne descendra pas sous les 20 degrés à Paris», ajoute-t-elle. Le Sud-Ouest, pas épargné, ne devrait cependant pas battre de record. Difficile aussi de dormir sereinement mercredi soir en Normandie, dans les Hauts-de-France et la région Champagne-Ardenne. Un rafraîchissement plus net devrait se produire jeudi, avant «une nouvelle pulsation plus chaude» jusqu’à la fin du week-end. Des orages en fin de semaine pourraient mettre fin à la 51e vague de chaleur depuis 1947.

Mise à jour lundi 11 août avec la reconduction de la vigilance rouge jusqu’à mardi 12 août.