Une traversée de 1 300 kilomètres pour aborder l’enjeu crucial de la préservation de l’eau douce. De ce lundi 2 septembre jusqu’au dimanche 8 septembre, le collectif Bassines non merci, qui lutte contre les méga-bassines (réservoirs artificiels utilisés pour l’irrigation agricole) et le mouvement des Soulèvements de la Terre embarquent pour un convoi transfrontalier des luttes de l’eau. A bord de voitures, une trentaine de personnes rallieront Vicenza, à une soixantaine de kilomètres de Venise, en Italie, où se tiendra un camp climat en fin de semaine. Le choix d’un périple motorisé «est critiquable et contre le modèle que l’on défend, mais c’était le moyen de transport le plus pratique et le plus rapide», justifie Noé, porte-parole des Soulèvements, auprès de Libération.
Le départ s’effectuera dans le Marais poitevin, en Vendée, deuxième plus grande zone humide de l’Hexagone devenue «ces dernières années un des lieux emblématiques de la lutte contre l’accaparement de l’or bleu», rappellent les Soulèvements dans un communiqué. Cette épopée est aussi «un geste de réciprocité envers tous les collectifs – dont les Italiens avec qui nous entretenons une longue histoire militante – venus nous soutenir lors de nos mobilisations dans le Poitou, précise Noé. En s’alliant et en échangeant, on souhaite créer un mouvement de défense de l’eau qui dépasse les frontières nationales. L’eau n’est pas qu’un problème français.»
Pour déterminer le parcours et les étapes, les militants ont dessiné une ligne droite entre le Marais Poitevin et l’Italie. Cinq arrêts sont ainsi prévus au cours du trajet. La caravane roulera jusque dans les plaines de Limagne (Auvergne), passera à Grenoble, marquera une pause au bord du lac de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes), puis dans la vallée de Briançon (Hautes-Alpes), avant de traverser la frontière italienne direction la vallée de Suse et, enfin, conclure le tour en Vénétie, non loin de la magnifique «Cité des canaux».
Industries capitalistes
Tous ces lieux traversés ont un point commun : c’est là que bataillent, parfois depuis de nombreuses années, des groupes locaux contre des projets qui mettent – ou mettraient s’ils sont lancés – en péril les cours d’eau et les nappes phréatiques, soutiennent les militants. Ils citent les exemples des giga-bassines en Auvergne, de la neige artificielle dans les stations de ski ou de la production de puces électroniques vers Grenoble, qui assèchent campagnes et montagnes, ou génèrent des polluants éternels rejetés dans les rivières. Sans oublier les colossaux navires de croisière intoxicant mers et océans pour le plaisir des touristes.
«On a sélectionné des terrains où les luttes en cours ont des résonances internationales», précise Noé. Et parce que ces endroits, «reconnus pour leur richesse naturelle et leur beauté, sont en passe d’être détruits par des industries capitalistes», peut-on lire sur le communiqué des Soulèvements. Enfin, les sept jours seront l’occasion de dénoncer «l’acharnement et la répression hors-norme de l’Etat» contre les mouvements écologiques et de questionner les choix politiques autour de l’eau, ajoute le porte-parole.
Après la traversée, la rentrée promet d’être intense. Les deux collectifs se préparent déjà à «riposter» en cas de démarrage d’un nouveau chantier de réservoirs artificiels dans le département de la Vienne. Enfin, ils comptent bien une nouvelle fois peser de toutes leurs forces dans le débat public et convaincre le prochain gouvernement «qu’un moratoire sur les méga-bassines est la seule option pour renouer le dialogue et trouver des solutions démocratiques à la crise de l’eau en cours».