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Pollution

Eau en bouteille contaminée : des sources pas sûres

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Dix jours après les dernières révélations, les sénateurs de gauche pressent le gouvernement de s’expliquer sur une certaine complaisance concernant les traitements illégaux pratiqués par Nestlé. Les scientifiques interrogés par «Libé» s’inquiètent d’une pollution touchant des ressources profondes censées être préservées.
L'eau puisée dans des nappes profondes est désormais régulièrement contaminée par des bactéries fécales, dont la présence est interdite dans les eaux minérales, mais aussi par des traces de pesticides, d’engrais et de Pfas. (Jean-Christophe Verhaegen/AFP)
publié le 15 avril 2024 à 21h06

L’Etat a-t-il fermé les yeux sur certaines pratiques illégales des embouteilleurs pour préserver une juteuse industrie, au détriment de la bonne information des citoyens ? Comment une eau aussi dépolluée que celle du robinet a-t-elle pu être vendue comme «naturellement pure» ? Deux mois et demi après les premières révélations du Monde et de Radio France concernant les traitements non ­autorisés mis en place sur ses eaux minérales par le groupe Nestlé Waters, beaucoup de questions restent en suspens, et la discrétion du gouvernement interroge. Une opacité dénoncée par l’opposition socialiste et écologiste, qui fait monter la pression quelques jours après la mise au jour, par les mêmes médias, d’une note en forme d’alerte de l’agence sanitaire Anses.

Les sources des eaux Vittel, ­Contrex et Hépar, dans les Vosges, ainsi que celles de Perrier, dans le Gard, sont victimes de contaminations ponctuelles par des matières fécales ou des pesticides. «La ­pollution chimique n’est pas si surprenante car, grâce à de nouvelles techniques, on met en évidence de plus en plus de contaminants. Mais la pollution bactériologique est plus étonnante. Normalement, à la profondeur où l’eau est puisée, il ne ­devrait pas y en avoir», pointe la chimiste Nathalie Karpel Vel Leitner, directrice de recherche au CNRS à l’université de Poitiers. L’hydrogéologue Florence Habets s’inquiète elle aussi : «Si même ces vieilles eaux protégées depuis longtemps et reconnues par l’Académie