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Libération
Stratégie nationale bas carbone

Emissions de CO2 en baisse : la France tient son budget carbone mais doit accélérer d’urgence

Le pays a émis moins de CO2 sur la période 2019-2023 que son objectif, qui avait toutefois été allégé, estime ce jeudi 21 mars le Citepa, l’organisme indépendant chargé de l’inventaire de la pollution carbone française.
L'Hexagone a émis 405 millions de tonnes de CO2 équivalent (MtCO2e) par an en moyenne sur la période, contre un objectif de 422 MtCO2e. (Christophe Recoura/FOTORESO)
publié le 21 mars 2024 à 7h44

Mieux, mais pas encore de quoi pavoiser. La France, tirée par son électricité décarbonée, parvient à respecter son budget carbone, malgré des difficultés pour réduire les émissions des transports. Le pays a émis 405 millions de tonnes de CO2 équivalent (MtCO2e) en moyenne annuelle sur la période 2019-2023, selon la pré-estimation du Citepa, l’organisme indépendant chargé de l’inventaire de la pollution carbone française, qui a publié son rapport annuel ce jeudi 21 mars.

La France est en dessous de l’objectif de 422 MtCO2e /an sur cette période, fixée par sa feuille de route, appelée «la Stratégie nationale bas carbone (SNBC)», après avoir échoué à respecter son premier budget carbone (2015-2018) et revu ses ambitions à la baisse en 2019.

La baisse générale est alimentée par le secteur de l’énergie (38 MtCO2e), avec «l’augmentation de la production d’électricité décarbonée», avant tout grâce au «retour d’une forte production nucléaire», puis avec la hausse des productions hydroélectrique, éoliennes et solaires, note le Citepa.

Les émissions du secteur résidentiel-tertiaire (60 MtCO2e) sont aussi très inférieures aux objectifs, conjugaison des «comportements de sobriété des ménages et des entreprises», de moindre besoin de chauffage grâce à la météo et de poursuite des rénovations thermiques. Pour l’industrie (67 MtCO2e), le recul des émissions «s’explique principalement par des baisses de production», outre les efforts de décarbonation en cours.

L’aérien fait exploser les bilans

Le point d’inquiétude reste les transports, premier secteur émetteur avec 128 MtCO2e. Un déclin durable et l’effet de l’électrification ne sont pas encore visibles, malgré une reprise de la baisse d’environ 3 % en 2023, alimentée par les hausses des prix des carburants et le recul du diesel.

Côté aérien, les émissions ont explosé sur un an, sur les vols domestiques (+21 %), qui dépassent le niveau pré-Covid, comme sur les vols internationaux (+27 %, inférieur à 2019). L’estimation des émissions de l’agriculture sera publiée en juin par le Citepa. Par ailleurs, les émissions comptabilisées incluent les activités sur le territoire, mais pas celles liées aux importations.

Désormais, la France doit rehausser son ambition pour s’aligner sur l’objectif européen de -55 % d’émissions d’ici 2030 par rapport à 1990. La France en est aujourd’hui à -29 %. La troisième version de la SNBC était imminente, mais le Premier ministre a finalement décidé mi-mars de relancer une «grande consultation» publique sur cette stratégie ainsi que sur la loi de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).

Ni les détails ni le calendrier ne sont encore connus. Mais la concertation s’annonce déjà musclée, notamment avec les ONG environnementales, dont plusieurs poursuivent une action en justice, «l’Affaire du siècle», pour contraindre l’Etat à rattraper les retards accumulés.