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COP28 : l’accord inédit appelant à une «transition hors des énergies fossiles» provoque soulagements et déceptions

Avec un jour de retard, les négociateurs présents au sommet international sur le climat à Dubaï sont tombés d’accord. Le texte adopté appelle à une «transition» vers une sortie des énergies fossiles.
Le président de la COP28, Sultan Ahmed Al Jaber, lors de la session plénière du sommet climatique des Nations unies à Dubaï, le 13 décembre 2023. (Giuseppe Cacace/AFP)
publié le 13 décembre 2023 à 7h16
(mis à jour le 13 décembre 2023 à 13h21)

En résumé :

  • L’accord final de la COP28, qui s’est ouverte le jeudi 30 novembre à Dubaï, aux Emirats arabes unis, a été adopté ce mercredi 13 décembre au matin avec un jour de retard. Après l’échec d’une première ébauche jugée beaucoup trop insuffisante par certains Etats, le texte appelle à une «transition» hors des énergies fossiles. C’est la première fois que ces carburants sont mentionnés dans une décision de COP. La présidence émiratie a usé d’une astuce sémantique pour éviter de parler de «sortie» pure et dure (le fameux «phase out»).
  • L’accord de la COP28 approuvé à Dubaï acte également le triplement des capacités d’énergies renouvelables mondiales d’ici six ans. La pertinence et la réussite de cet objectif jugé «crédible» par les experts dépendront toutefois des financements alloués en parallèle aux énergies fossiles. Un but «ambitieux mais réalisable».
  • Dès le premier jour de cette 28e Conférence des Nations unies sur le climat , la mise en œuvre d’un fonds destiné à compenser les «pertes et dommages» des pays vulnérables face aux désastres climatiques, alors qu’ils sont historiquement les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre, a été entérinée par l’ensemble des Etats.
  • Ce sommet mondial est «la COP la plus importante depuis Paris», selon le chef des Nations unies sur le climat, Simon Stiell. Et pour cause : elle est synonyme du premier bilan des «progrès» réalisés par les pays depuis la signature de l’accord de Paris en 2015. Lors de la COP21, les dirigeants mondiaux s’étaient accordés sur l’objectif de limiter le réchauffement planétaire à 2 °C, voire 1,5 °C.
  • Retrouvez toutes les informations sur la journée de négociations de mardi ici.
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Tandis que la COP28 touche à sa fin, l’Organisation des Pays Producteurs de Pétrole (Opep), annonce une croissance «saine» et un nouveau record de la demande en 2024. L’année prochaine, le monde consommera 104,36 millions de barils de pétrole en moyenne par jour, contre 102,11 en 2023. La hausse de la demande est «soutenue par la croissance résiliente du PIB mondial» sur fond d’une meilleure situation économique en Chine, explique l’Opep. Ce rapport intervient alors que, pour la première fois, les pays du monde entier ont approuvé mercredi lors de la 28e conférence sur climat de l’ONU à Dubaï un compromis historique ouvrant la voie à l’abandon progressif des énergies fossiles causant le réchauffement.

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Pour la Chine, «les pays développés doivent prendre les devants» au sujet de la transition énergétique. Pékin estime que c’est avant tout aux pays les plus riches de «prendre leur responsabilité» dans la lutte contre le réchauffement climatique. Selon le vice-ministre de l’environnement chinois Zhao Yingmin, «les pays développés ont une responsabilité historique et incontestable dans le changement climatique : ils doivent prendre les devants pour s’engager sur la voie du 1,5 °C».

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Transition ou réduction ? La «réduction» des combustibles fossiles, jusqu’ici sur la table, a elle disparu du nouvel accord. Elle a été remplacée par l’idée de «transition» des énergies fossiles vers les renouvelables. Les pays développés y voient une façon d’insister sur le besoin de substituer les unes aux autres. Or pour l’heure le concept de «transition» est un échec dans le monde : les renouvelables s’additionnent aux fossiles qui ne baissent pas, ce qui empêche la diminution drastique des émissions dont l’humanité a besoin.

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Laurent Fabius, président français de la COP21, salue un «accord majeur, mais à renforcer rapidement». L’actuel président du Conseil Constitutionnel avait fait adopter en 2015 le très salué accord de Paris, qui s’était fixé comme objectif le plus ambitieux de contenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5°C, par rapport à l’ère pré-industrielle.

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Que dit le texte de 21 pages exactement ? Le 28e paragraphe appelle à «transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques». La transition concerne donc l’énergie, et non d’autres secteurs comme la pétrochimie.

Le texte contient aussi de multiples appels liés à l’énergie : tripler les capacités d’énergies renouvelables et doubler le rythme d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030; accélérer les technologies « zéro carbone » et « bas carbone », dont le nucléaire, l’hydrogène bas carbone, et le balbutiant captage et stockage du carbone, défendu par les pays producteurs de pétrole pour pouvoir continuer à pomper des hydrocarbures.

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Invitée de France Inter ce mercredi matin, l’ancienne coprésidente du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a pointé les «limites» de l’accord de la COP28. «Les promesses, si elles se réalisent toutes, impliqueraient une baisse de 5 % des gaz à effet de serre à horizon 2030, alors que pour limiter le réchauffement largement sous 2 °C il faudrait une baisse de 43 %», explique Valérie Masson-Delmotte. Elle a notamment évoqué un besoin supplémentaire de financements, à la fois pour «le déploiement des alternatives aux énergies fossiles», «pour l’adaptation» et pour le mécanisme de «pertes et dommages».

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A peine l’accord de la COP28 adopté, le palais des congrès «Expo City» de Dubaï fait place nette pour accueillir un immense marché de Noël.

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L’émissaire des Îles Marshall, une île du Pacifique, se montre critique à l’égard de l’accord. «Je suis venu depuis mon île natale pour travailler avec vous tous afin de relever le plus grand défi de notre génération. Je suis venu ici pour construire ensemble un canoë pour mon pays», a énoncé John Silk lors de la séance plénière de la COP28. «Au lieu de cela, nous avons construit un canoë dont la coque est faible et percée, remplie de trous. Pourtant, nous devons le mettre à l’eau parce que nous n’avons pas d’autre choix», déplore-t-il. Le ministre de cet archipel d’Océanie souligne enfin que le changement climatique érode actuellement les côtes de son état, tout en notant néanmoins que l’accord conclu aujourd’hui constitue un progrès.

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Quelques chiffres du Giec. Pour que le monde reste sur la voie d’un réchauffement à +1,5 °C, «les émissions de CO2 doivent diminuer de 48 % d’ici à 2030, de 80 % d’ici à 2040 et de 99 % d’ici à 2050 par rapport aux niveaux de 2019», estiment les experts climat de l’ONU dans leur 6e rapport. Les émissions totales, tout gaz à effet de serre inclus, «doivent diminuer de 43 % d’ici à 2030, de 69 % d’ici à 2040 et de 84 % d’ici à 2050.» Enfin, un futur compatible avec un scénario de réchauffement à +1,5 °C ne permet aucun développement des combustibles fossiles, car les émissions de CO2 prévues pour les infrastructures existantes dépassent déjà le budget carbone restant.

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Emmanuel Macron salue «une étape importante» franchie par l’accord adopté lors de la COP28. Ce texte «engage le monde dans une transition sans énergies fossiles», tout en appelant à «accélérer» la lutte contre le réchauffement de la planète. Le président français s’est aussi félicité sur le réseau social X (anciennement Twitter) de la reconnaissance du «rôle-clé du nucléaire», «une première» défendue par la France, parallèlement à la nécessité d’un triplement des énergies renouvelables. Sa ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna a elle aussi salué le «consensus sur la nécessaire sortie des énergies fossiles», «message d’espoir pour la planète et les plus vulnérables».

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Quelles sont les critiques formulées à l’encontre de l’accord ? L’accord de la COP28 a été salué comme une avancée, car il inclut pour la première fois un engagement sur les combustibles fossiles : charbon, pétrole et gaz. Mais certains pays expriment malgré tout leur réserve.

- L’accord n’appelle pas à une «sortie» totale des énergies fossiles, mais plutôt à une «transition hors de [ces énergies] dans les systèmes énergétiques»

- Le texte se contente de «noter la nécessité» d’accroître le financement accordé aux pays les plus pauvres pour qu’ils abandonnent les combustibles fossiles et se préparent au changement climatique. Les pays développés ne sont toutefois pas tenus d’apporter un soutien renforcé.

- Aucun objectif de réduction des émissions de méthane n’a été fixé, alors que le méthane est l’un des gaz à effet de serre les plus puissants. Cet article de Libération résume les débats autour de ce gaz climaticide.

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L’accord trouvé à Dubaï sur une «transition hors des énergies fossiles» ne fait pas l’unanimité.

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Ursula von der Leyen salue un accord historique conclu à la COP28 marquant «le début de l’ère post-fossiles». Dans un message publié sur X (anciennement Twitter), la présidente de la Commission européenne relève que «le monde a entériné les objectifs de l’UE pour 2030 : un triplement des énergies renouvelables et un doublement de l’efficacité énergétique», saluant dans une déclaration distincte «une puissante démonstration de la valeur du multilatéralisme pour relever les plus grands défis de notre planète».

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Le ministre de la Transition écologique français, Christophe Béchu, se réjouit d’un accord à la COP28 qui «engage pour la première fois 195 pays dans une trajectoire de transition pour sortir des énergies fossiles». Dans un message publié sur le réseau social X (anciennement Twitter), le ministre – actuellement en déplacement à Dijon dans le cadre du lancement de la COP locale de la région Bourgogne-Franche-Comté – souligne que cette décision «souligne l’importance d’agir dès maintenant, dans cette décennie critique pour contenir le réchauffement de la planète sous les 1.5 degrés de l’Accord de Paris !».

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L’Arabie saoudite exprime au nom du groupe arabe sa «gratitude» et salue «les grands efforts» de la présidence émiratie. Riyad affirme en parallèle que les pays doivent «exploiter toutes les possibilités permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre, qu’elle qu’en soit la source, et en utilisant toutes les technologies». Le pays du Golfe fait ici référence aux technologies de stockage et de capture de carbone, pourtant encore peu abouties et très coûteuses. Libération fait le point sur ces outils très énergivores.

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Après avoir enlacé le président de la COP28 sur scène, le responsable des Nations unies pour le climat, Simon Stiell, a pris la parole. «C’est le début de la fin pour les combustibles fossiles. Toutes les parties doivent être d’accord sur chaque mot, chaque virgule, chaque point. Cela illustre d’ailleurs tout ce que ces conférences des Nations unies peuvent accomplir», s’est-il félicité. Sans ces conférences, «nous nous dirigerions vers un réchauffement de 5 degrés. Nous nous dirigeons actuellement vers 3 degrés», juge ce haut responsable des Nations unies.

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Le Brésil demande aux pays développés de mettre «les moyens nécessaires» pour la transition énergétique. «Il est fondamental que les pays développés prennent les devants sur la transition vers la fin des combustibles fossiles», a lancé le ministre brésilienne de l’Environnement, Marina Silva, les appelant aussi à «assurer les moyens nécessaires aux pays en voie développement». Le premier jour du sommet de l’ONU à Dubaï a notamment été marqué par la concrétisation du fonds destiné à aider les pays vulnérables à réparer les «pertes et dommages» climatiques qu’ils subissent. Plusieurs Etats ont annoncé l’abonder, mais les sommes restent pour l’instant insuffisantes. Notre article sur le sujet est à retrouver ici.

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La COP28 est «une raison d’être optimiste» dans un monde en conflit, se félicite l’émissaire américain John Kerry. «Je pense que tout le monde sera content que, dans un monde secoué par la guerre en Ukraine et au Moyen-Orient et tous les autres défis d’une planète qui patauge, il y ait une raison d’être optimiste, d’avoir de la gratitude et de se féliciter tous ensemble ici », a lancé le haut responsable. Dans son discours, il a également précisé que les États-Unis et la Chine avaient l’intention de mettre à jour leurs stratégies climatiques à long terme.

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En vidéo. Quelques minutes après le début d’une réunion plénière, Sultan Al-Jaber, président de la COP28, a fait tomber le marteau. Le texte est considéré comme adopté.

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Paris salue «une victoire de la diplomatie climatique». «L’accord de la COP 28 qui vient d’être adopté est une victoire du multilatéralisme et de la diplomatie climatique», s’est félicitée ce mercredi la ministre française de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher à Dubaï. Adopté au terme de longues négociations, «le texte appelle pour la première fois à la sortie progressive des énergies fossiles, en cohérence avec l’objectif des 1,5°C, a estimé la ministre. Et d’ajouter : «C’est la première fois que tous les pays convergent sur ce point». La France salue également la mention du nucléaire dans le texte final. «Pour la première fois, le texte mentionne à plusieurs reprises la contribution de l’énergie nucléaire à la lutte contre le changement climatique», a-t-elle souligné.