A Montélimar, dans la fournaise des fabriques de nougat. Le thermomètre de cuisson affiche 110 °C. Les odeurs de miel se mélangent aux effluves d’amandes grillées. Dans le chaudron, la pâte blanche commence à lever. A 6 heures du matin, l’atmosphère est déjà étouffante dans la nougaterie artisanale le Chaudron d’or à Montélimar (Drôme), dans un département en vigilance rouge. L’épisode caniculaire oblige les fabricants du produit phare de la ville drômoise à commencer le travail plus tôt. Gautier incorpore les amandes torréfiées à la préparation. «C’est le matin et on a déjà très chaud», constate le salarié coiffé d’une charlotte. Notre reportage.

La pollution de l’air s’invite avec la chaleur. Dans ce contexte caniculaire, la qualité de l’air se dégrade et les concentrations d’ozone sont en hausse sur une moitié sud et est du pays, selon le site Prév’Air. Quatre départements du sud-est de la France - le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes - passent en alerte de niveau 2 pour la journée de mercredi. En Ile-de-France aussi des concentrations élevées d’ozone sont relevées par Airparif.

Le rafraichissement pas avant ce week-end. Météo France prévoit que les alertes vigilance rouge pourraient commencer à être levées à partir de vendredi. «Ces températures vont se poursuivre sur une grande moitié sud demain mercredi et jeudi encore», tandis qu’un mouvement de baisse s’amorcera vendredi mais avec des valeurs encore «très élevées autour de la vallée du Rhône», a expliqué le prévisionniste Frédéric Nathan mardi. «Il faudra vraiment attendre le week-end pour avoir des températures qui soient beaucoup plus respirables sur ces régions», a-t-il souligné.

Après le chaudron, la canicule. Il est 15 heures à Montélimar, les salariés de la fabrique artisanale de nougat le Chaudron d’or sortent du travail. Il fait 40 °C à l’extérieur. La journée a été éprouvante pour les employés qui ont commencé exceptionnellement à 6 heures, histoire d’éviter les heures les plus chaudes de la journée. A l’intérieur de la fabrique aussi, les températures avoisinaient les 40 °C. L’été, les nougateries sont de véritables fournaises : les chaudrons utiles à l’élaboration de cette confiserie montilienne peuvent atteindre 160 °C. Par notre envoyée spéciale Anouk Anglade.

L’alerte rouge s’étend largement. Météo France annonce ce mardi que 15 nouveaux départements seront placés en vigilance rouge à partir de mercredi midi : l’Ain, la Loire, l’Isère, la Lozère, le Gard, le Vaucluse, l’Hérault, l’Aveyron, le Tarn, le Tarn-et-Garonne, l’Aude, le Lot, le Lot-et-Garonne, la Haute-Garonne et le Gers. Une pointe à 42 °C est notamment attendue mercredi à Toulouse, ce qui constituerait un nouveau record de température. Ces départements viendront s’ajouter aux 4 déjà placés en alerte rouge ce mardi, qui le resteront.

«Un véritable engouement pour le monde souterrain». Plutôt que de cuire au soleil, de plus en plus de touristes se tournent vers les visites de grottes, îlot de fraicheur naturel. Guilhem Cledel, président de la Fédération française du tourisme et patrimoine souterrain et directeur de la grotte de Pech Merle (Lot), témoigne auprès de Libération de l’attrait de ces refuges souterrains, aussi bien ceux en accès libre que les sites préhistoriques surveillés.

La baignade dans le Rhône pour fuir la chaleur. En dessous de la promenade piétonne le long du Rhône au nord de Lyon, certains se baignent dans le fleuve, collé à une plage encore abritée du soleil par des arbres. Lisa Surleau, 22 ans, future élève en CAP fleuriste, a trouvé cette petite berge par hasard, en se baladant. Depuis, elle vient souvent ici. «Mon logement n’est pas trop mal isolé mais il fait quand même chaud. J’essaye de trouver des endroits plus agréables que des cafés climatisés». Malgré l’interdiction, elle se baigne souvent jusqu’à la taille, mais dit rester prudente. «C’est calme, même s’il y a plus de monde le week-end. Dimanche dernier, on était facilement une trentaine ici», estime-t-elle. Par Leo Fornateli

L’alerte rouge entre en vigueur. L’annonce avait été faite la veille au soir : quatre départements sont passés ce mardi midi en vigilance rouge canicule, seuil très rare franchi pour la première fois cette année : la Drôme, la Haute-Loire, l’Ardèche et le Rhône. 49 autres sont placés en vigilance orange par Météo France. Des records locaux risquent encore d’être battus, avec 40 à 42 °C attendus dans la Drôme et l’Ardèche. La température la plus élevée jamais relevée en France est de 46 °C à Vérargues, dans l’Hérault, le 28 juin 2019.

Pourquoi risque-t-on des coups de soleil en début d’après-midi et des coups de chaud en fin de journée ? «On ne va pas à la plage avant 15 heures.» Ce conseil «de bon sens», qui circule parmi les générations de vacanciers pour éviter les coups de soleil, n’empêche pas de subir des coups de chaud plus tard dans la journée, surtout dans la période caniculaire que traverse la France. Et pour se protéger de l’un comme de l’autre, les recommandations ne sont pas exactement les mêmes. Libé vous explique.

Le jour le plus chaud. Lundi 21 août a été la journée la plus chaude jamais enregistrée en France après un 15 août, avec un indicateur thermique national qui a atteint 26,63 °C, a annoncé Météo-France ce mardi 22 août. Le précédent record de chaleur pour une fin d’été datait de 2012, quand l’indicateur thermique national (moyenne quotidienne de la température moyenne de l’air relevée dans 30 stations météorologiques représentatives du territoire) avait atteint 26,44 °C le 19 août. La valeur atteinte lundi, alors que le pic de chaleur n’est pas encore passé, se hisse 5,8 °C au-dessus de la normale de saison (sur la période 1991-2020), a précisé Météo-France.

«Il n’y a pas beaucoup d’arbres ou de points d’eau, il n’y a que du béton». Au parc de la Tête d’Or, principal point de fraîcheur lyonnais où le mercure approche déjà les 30 °C ce mardi matin, Alexandre Briaudet, torse nu et en nage, fait une pause sur un banc à l’ombre. Cet étudiant en lettres et sciences politiques de 24 ans, barman la nuit, est venu courir plus tôt que d’habitude au parc. «Il fait très chaud chez moi, même la nuit. Je laisse le ventilo en permanence sinon la chambre est étouffante», explique-t-il. Habitant du quartier de la Part-Dieu, son appartement est exposé au soleil. Chaleur ou non, il passe généralement le plus de temps possible en dehors de son logement. Mais le soir, il subit la température quand il rentre. «La nuit c’est dur. Surtout dans le quartier de la Part-Dieu : il n’y a pas beaucoup d’arbres ou de points d’eau, il n’y a que du béton donc il fait très chaud.» Par Leo Fornateli

Sandrine Rousseau plaide pour une stratégie de long terme face à la chaleur. «On ne peut pas se contenter de s’adapter» à la canicule, a souligné ce mardi matin la députée EE-LV sur BFMTV. «Ce n’est pas en achetant des climatiseurs et en prenant l’avion qu’on résoudra le problème du réchauffement climatique», a exhorté Sandrine Rousseau. Selon elle, il faut à l’inverse mettre en place une politique d’ampleur car «la vague de chaleur ne se gère pas en 24 heures». L’élue écologiste défend notamment «l’isolation des bâtiments» et la «végétalisation des villes».

La Grèce à nouveau en proie aux flammes. C’est la deuxième vague d’incendies meurtriers en l’espace d’un mois. Des flammes incontrôlées sévissent dans le nord-est de la Grèce, les îles d’Eubée (proche d’Athènes) et de Kythnos, ainsi que dans la région de Béotie (centre) au nord d’Athènes, avec un mélange dangereux de vents violents et de températures allant jusqu’à 41 °C. Les flammes menaçaient également le parc national de Dadia dans le nord du pays où un corps, présumé être celui d’un migrant sans papiers, a été découvert lundi soir. Un vieux berger a également été trouvé mort plus tôt lundi en Béotie. Lundi soir, un ordre d’évacuation a été donné à l’hôpital d’Alexandroupolis, ville portuaire du nord-est.

Mais au fait, la vigilance rouge canicule, ça veut dire quoi ? Cet état d’alerte déclaré mardi midi pour quatre départements est le niveau le plus élevé du «plan national canicule». Il correspond à la fois à un événement météorologique exceptionnel et à une alerte sanitaire justifiant une «mobilisation maximale». Libé récapitule.

A Montélimar, pour s’adapter aux chaleurs extrêmes, on commence à travailler plus tôt. Ce matin, le réveil a sonné deux heures plus tôt pour les employés de la fabrique de nougat le Chaudron d’or à Montélimar (Drôme). À 6 heures, les cuves en cuivre sont déjà à plus de 100 °C pour faire cuire les sucreries. La canicule oblige les nougatiers à travailler plus tôt, afin de rendre leurs conditions de travail plus supportables. Une odeur de miel et de vanille se dégage de la fabrique, qui a déjà atteint plus de 30 °C à 7 heures. Par notre envoyée spéciale Anouk Anglade.

A Tenerife, l’espoir d’une stabilisation des feux «dans les prochains jours». Les autorités espagnoles, au premier rang desquelles le Premier ministre, Pedro Sánchez, ont bon espoir que l’incendie monstre qui a dévasté en moins d’une semaine des milliers d’hectares sur l’île de Tenerife, dans l’archipel des Canaries, soit stabilisé «dans les prochains jours» : «Espérons que la météo nous aide pour que nous puissions définitivement considérer l’incendie stabilisé dans les prochaines heures, les prochains jours», a déclaré lundi Sánchez à la presse lors d’une visite sur l’île, indiquant que les prochaines heures allaient être «très importantes».

L’incendie à Chanousse toujours pas fixé. Dans les Hautes-Alpes, un incendie qui s’est déclaré dimanche soir à Chanousse n’était toujours pas fixé lundi après-midi et avait détruit totalement ou partiellement plus d’une centaine d’hectares, selon la préfecture. Le risque de départ de feux est exacerbé par les températures extrêmes.