Le deuxième jour de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan, s’ouvre avec un chiffre alarmant. Les catastrophes liées aux conditions météorologiques ont forcé quelque 220 millions de personnes à fuir dans leur pays au cours de la décennie écoulée, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR), qui publie un nouveau rapport ce mardi 12 novembre. «Alors que la vitesse et l’ampleur du changement climatique s’accélèrent, ce chiffre ne fera que continuer à augmenter», prédit le chef de l’instance onusienne, Filippo Grandi.
Actuellement, 120 millions de personnes sont déplacées de force dans le monde pour cause de guerre, de persécution ou de violences, la plupart dans leur propre pays, selon les chiffres datant du mois de juin. «Au niveau mondial, le nombre de personnes déplacées par les conflits a doublé au cours des dix dernières années», rappelle Andrew Harper, conseiller spécial du HCR pour l’action climatique, dans un entretien à l’AFP.
«Une perte croissante de terres arables»
Les réfugiés s’installent majoritairement dans des pays à faible revenu, souvent «dans le désert, dans des zones sujettes aux inondations, dans des endroits dépourvus des infrastructures nécessaires pour faire face aux impacts croissants du changement climatique», explique Andrew Harper. Et la situation va empirer. D’ici 2040, le nombre d’Etats confrontés à des risques climatiques extrêmes devrait passer de trois à 65, selon le HCR, qui rappelle que la grande majorité d’entre eux accueillent déjà des populations déplacées.
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D’ici 2050, la plupart des camps et des installations de réfugiés devraient être soumis à deux fois plus de jours de températures dangereusement élevées qu’aujourd’hui, prévient le rapport. Un danger immédiat pour la santé et la vie des réfugiés, mais aussi pour les récoltes et le bétail, averti Andrew Harper. «Nous constatons une perte croissante de terres arables dans des endroits exposés à des extrêmes climatiques, comme le Niger, le Burkina Faso, le Soudan, l’Afghanistan, mais en même temps, nous assistons à une augmentation massive de la population», souligne-t-il.
75 % des déplacés vivent dans des pays très exposés aux risques liés au climat
Le dérèglement climatique et les conflits s’entremêlent pour soumettre des personnes déjà en danger à des situations encore pires, comme au Soudan, en Somalie ou en Birmanie, souligne le nouveau rapport du HCR. «Dans notre monde en réchauffement, la sécheresse, les inondations, la chaleur mortelle et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes créent des situations d’urgence avec une fréquence alarmante», insiste son chef, Filippo Grandi. Et d’ajouter : «Les personnes forcées de fuir leur foyer sont en première ligne de cette crise», alors que 75 % des personnes déplacées vivent dans des pays fortement ou extrêmement exposés aux risques liés au climat.
Andrew Harper déplore le manque criant de fonds pour soutenir ceux qui fuient et les communautés qui les accueillent : «Nous constatons que, dans l’ensemble, une situation déjà infernale devient encore plus difficile.» Le HCR exhorte les décideurs réunis à Bakou à veiller à ce que davantage de financements internationaux pour le climat parviennent aux réfugiés et aux communautés d’accueil qui en ont le plus besoin.
Actuellement, les Etats extrêmement fragiles ne reçoivent qu’environ 2 dollars par personne en financement annuel pour l’adaptation au dérèglement climatique, contre 161 dollars par personne dans les pays moins exposés. «Si nous n’investissons pas dans la paix, si nous n’investissons pas dans l’adaptation au changement climatique dans ces régions, alors les gens se déplaceront», pose Andrew Harper.