«Vous entendez les bruits qui ressemblent à des gouttes d’eau qui explosent ?» Alexandre Butin, spécialiste des chauve-souris à l’Office national des forêts (ONF), a planté son micro au bout d’une perche dans la forêt de Sénart, à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris. Le capteur de son est branché à sa tablette, elle-même connectée à une enceinte. En pleine nuit, de manière amplifiée, résonnent tous les bruits de la nature environnante. «Ce qu’on entend au fond, ce sont les grillons et les cigales, qui parasitent un peu l’écoute», détaille l’homme en uniforme vert de forestier, lampe sur le front et barbe brune. Après quelques réglages, on perçoit le son de chauves-souris arriver une à une, de plus en plus nombreuses à mesure que l’heure avance. «Est-ce qu’elle est en train de chasser ? De se déplacer ?» Reconnaître le comportement de ces petits animaux en vol demande un véritable entraînement de l’oreille. «Ça aide d’être musicien», sourit Alexandre Butin.
Alors que les nuages cachent la lune, d’autres sons se font entendre, comme le bruit d’un jeu de clés. Alexandre repasse ses bandes et reconnaît ici une noctule, là une sérotine ou encore une pipistrelle, des espèces bien implantées dans le coin. Comme les humains et leurs langues diverses, les chauves-souris s’expriment – et s’écholocalisent – grâce à des ultrasons aux fréquences variées : chaque espèce a son accent et chaque individu sa tonalité.
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