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Libération
Bonne nouvelle

En France, 30% de déchets en moins dans les décharges depuis 2010

La mise en décharge des déchets français diminue, a indiqué ce jeudi 3 octobre le ministère de la Transition écologique. Ce qui ne veut pas dire qu’il y en a moins mais qu’ils sont plus souvent incinérés ou recyclés.
La France doit réduire de 50 % ses déchets mis en décharge entre 2010 et 2025. (Thibaud Moritz/Libération)
publié le 3 octobre 2024 à 18h53

La France est sur la bonne voie. La mise en décharge des déchets français a très fortement reculé ces dernières années, s’est réjouie ce jeudi 3 octobre la nouvelle ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher. En clair, les déchets des Français finissent moins souvent en décharge, un processus très polluant pour l’environnement, et sont de plus en plus incinérés pour produire de l’énergie ou recyclés. «Grâce à votre action, nous avons fait baisser la mise en décharge : en 2023, 14 millions de tonnes de déchets ont été mises en décharge, c’est 30 % de moins qu’en 2010», a déclaré Agnès Pannier-Runacher devant les professionnels, lors des assises nationales des déchets organisées à Nantes.

Cocktail toxique

Elle a toutefois souligné qu’il fallait «absolument continuer dans cette voie pour atteindre -50 % le plus rapidement possible». Cet objectif de 50 % de réduction des déchets mis en décharge en 2025 par rapport à 2010 avait été fixé par la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), votée en 2015 lors du quinquennat de François Hollande. S’il a longtemps semblé hors de portée, il pourrait bien être atteint sous peu, à en croire Antoine Bousseau, président de la Fédération nationale des activités de la dépollution et de l’environnement (Fnade), qui compte 252 entreprises adhérentes. «-50 % en 2025, on va le faire», a-t-il déclaré dans les couloirs des assises des déchets.

«L’un des principaux problèmes de la mise en décharge, c’est le mélange de déchets putrescibles (comme les aliments) avec des substances dangereuses contenues dans certains objets du quotidien, comme les appareils électroniques, les plastiques…», développe pour Libération Manon Richert, responsable communication de Zéro Waste France. Ce cocktail toxique peut ensuite se répandre dans l’environnement, y compris dans les nappes phréatiques. D’où la nécessité de réduire à tout prix la mise en décharge de nos déchets.

Réduire la production à la source

La loi anti-gaspillage de février 2020 va dans ce sens : cet autre objectif européen qui incombe la France l’oblige à réduire, d’ici 2035, à 10 % la quantité des ordures ménagères et assimilées mises en décharge, et de privilégier ainsi les autres modes de traitement. «D’un tiers en 2010, là, on va être à 15-16 % en 2025», a indiqué Antoine Bousseau. Et c’est possible, grâce à la fiscalité autour de l’enfouissement, qui «a beaucoup monté», atteignant «un niveau de prix tel qu’enfin, ça valait le coup de recycler», a-t-il ajouté. Selon lui, la taxe générale sur les activités polluantes pour les déchets, qui était il y a quelques années de cinq euros la tonne de déchets déposés en décharge, s’élève désormais à 65 euros. Un effet dissuasif probant.

Si ces nouvelles sont fort réjouissantes, compte tenu de l’atteinte à l’environnement que représentent les décharges, cela ne signifie pas que la problématique des déchets est réglée en France. Les autres modes de traitement des ordures, comme l’incinération ou le recyclage, ne sont pas exempts de tout reproche. «Certes, dans la hiérarchie du mode de traitement des déchets, la mise en décharge est tout en bas. Mais il existe des effets néfastes dans le cadre de l’incinération et du recyclage», fait valoir Manon Richert. Et rappelle les enjeux sanitaires qui entourent les incinérateurs, en particulier les rejets de dioxine et de gaz à effet de serre. Le site d’Ivry a récemment été pointé du doigt par les riverains.

Pour ce qui est du recyclage, la défenseuse du zéro déchet souligne un «processus industriel», qui reste, malgré tout, «coûteux d’un point de vue environnemental, énergivore» et dépensier en eau. Selon elle, l’idéal serait avant tout de «réduire la production de déchets à la source». En 2018, la France a produit 342 millions de tonnes de déchets - en deuxième position européenne derrière l’Allemagne -, soit 5,1 tonnes par habitant. Et la tendance ne va pas en s’arrangeant. «Aujourd’hui, nous avons une crise de surproduction dans beaucoup de secteurs, notamment le textile, l’ameublement et les équipements électroniques», rappelle Manon Richert. Il reste encore du chemin.