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Libération
Oh la belle rose !

En France, de rares aurores boréales observées pendant la nuit

Le spectacle, rare dans cette partie du globe, est intervenu dans la nuit de mercredi à ce jeudi 2 janvier, alors que le Soleil atteint un pic d’activité. D’autres aurores boréales sont attendues par les spécialistes dans les deux prochaines années.
Lors d'une précédente occurrence du phénomène, du 10 au 11 mai 2024, à Riaille, en Loire-Atlantique. (Estelle Ruiz/Hans Lucas)
publié le 2 janvier 2025 à 16h07
(mis à jour le 2 janvier 2025 à 16h07)

Des lueurs au rose sucré qui flottent dans l’obscurité. Des aurores boréales ont illuminé le ciel français dans la nuit de mercredi à ce jeudi 2 janvier. Le phénomène, rare à de si basses latitudes, est dû à une intense activité solaire. Et n’a pas manqué d’émerveiller les astronomes, professionnels et amateurs. «Le spectacle des aurores boréales reprend ! Si le ciel est dégagé faites des photos longue pose vers le nord !», s’est enthousiasmé l’astrophysicien Éric Lagadec sur le réseau Bluesky.

De l’Indre à la Corse en passant par les Pyrénées, plusieurs internautes éblouis ont posté des clichés de lumières rose violet. Non sans une certaine extase : «Chasse aux aurores boréales réussie ce soir, la deuxième de cette nouvelle année. Et cette fois-ci, visible à l’œil nu à son pic, près de Lyon», se réjouit un utilisateur Bluesky. Sur son cliché, un spectacle digne d’un décor norvégien : des aubes couleur bonbon surplombent une plaine enneigée.

Chasse aux aurores boréales réussie ce soir, la deuxième de cette nouvelle année 😍. Et cette fois-ci, visible à l'oeil nu à son pic, près de Lyon.#auroresboreales #nothernlights #aurora #auroraborealis #france #night #photography #photographie #landscape #photo #astrophotography #astrophotographie

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— JimmyLaGlisse (@jimmylaglisse.bsky.social) 1 janvier 2025 à 21:50

Outre l’Hexagone, le phénomène a aussi pu être apprécié depuis la Suisse, l’Autriche ou encore la Grande-Bretagne. En témoigne l’image crépusculaire publiée par une internaute depuis Worcester, une ville anglaise située à 50 kilomètres de Birmingham. Dessus, un halo rosé nappé de vagues nuages domine une maison photographiée de loin.

Northern lights in Worcester UK 🇬🇧Une petite aurore boréale pour commencer l'année !

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— Elodie Chabrol (@eloscicomm.bsky.social) 1 janvier 2025 à 21:39

Epoustouflant, l’événement a même été immortalisé à plus de 400 kilomètres de la Terre. Depuis la Station spatiale internationale. «Notre spectacle de lumière du Nouvel An», écrit l’astronaute américain Don Pettit en partageant sur son compte X une photographie… à couper le souffle.

S’il ravit, le phénomène questionne : lui qui est habituellement réservé à des territoires nordiques comme la Finlande, la Norvège ou l’Islande, que vient-il faire sur ces terres plus au sud ? Globalement, les aurores polaires apparaissent quand des jets de particules chaudes et magnétiques, générés par des éruptions solaires et appelés éjections de masse coronale (CME), atteignent l’environnement de la Terre.

Les flux de particules ionisées projetées à des vitesses colossales frappent le champ magnétique terrestre, qui sert de bouclier protégeant la planète. Elles sont alors accélérées vers les pôles magnétiques… ce qui explique qu’on les observe couramment à des latitudes au-delà des cercles polaires, arctique et antarctique. On parle dans ce dernier cas d’aurores australes. Mais si les CME sont plus puissants, ces aurores descendent plus au sud vers l’équateur.

Pic d’activité

En mai, une tempête solaire historique avait ainsi embrasé le ciel du monde entier, jusqu’en Californie ou en Australie. Car notre astre connaît, comme tous les onze ans, un pic d’activité lié à l’inversion de ses pôles magnétiques. «On est en train d’atteindre le maximum d’activité donc d’éruptions solaires, d’éjections de masse coronale…», explique à l’AFP Milan Maksimovic, astrophysicien à l’Observatoire de Paris - PSL. Ce maximum d’activité solaire «devrait avoir lieu 2025 ou début 2026», ajoute-t-il. «Il y aura des phénomènes comme celui-là encore au moins un ou deux ans. Après, cela va décroître», prédit le spécialiste.

A nos latitudes, ces phénomènes sont cependant difficilement visibles à l’œil nu. «A moins que l’aurore boréale ne soit très intense, on ne voit qu’une sorte de bande laiteuse dans le ciel», prévient Milan Maksimovic. Son conseil pour en capturer une : utiliser un appareil photo ou un smartphone et «mettre une pause de trois secondes» pour accumuler la lumière et voir apparaître sur son écran un ciel teinté de violet, rouge ou rosé.