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Humidité

En France, les pluies printanières limiteront-elles le risque d’incendie cet été ?

Les averses à répétition, qui ont gorgé d’eau la végétation, diminuent la probabilité de survenue de feux en juillet. Mais un temps chaud et sec accompagné de vent pourrait embraser les plantes qui se sont développées avec l’humidité.
Les mois pluvieux limiteront-ils les risques incendies durant les mois d'été ? La réponse est plus complexe, voire contre-intuitive. (Jeff Pachoud/AFP)
par Laureline Condat
publié le 11 juillet 2024 à 7h30

Le printemps 2024 a été le quatrième le plus pluvieux depuis les premières mesures de Météo France en 1959, juste derrière ceux de 2001, 1983 et 2008. Une bonne nouvelle pour limiter le nombre des incendies cet été ? Si l’on peut penser que oui, la réponse est plus complexe, voire contre-intuitive. «Grâce aux pluies, il y a peu de risque que des incendies se propagent dans les prochaines semaines et la fin du mois de juillet devrait être tranquille – sauf dans le pourtour méditerranéen», indique Catherine Robert, coordinatrice nationale de l’activité feux de forêt et végétation à Météo France. Si l’humidité continue, pas de raison de s’inquiéter. Car quand la végétation se charge d’eau, elle n’est pas très inflammable.

Plus de végétation = plus de combustibles

Ce répit n’est valable que «pour les deux semaines à venir, maximum», estime Catherine Robert, qui prévient que la saison des feux pourrait n’être que «retardée». Il s’agit d’un «calme relatif», avertit également le porte-parole de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, Eric Brocardi. S’il se remet à faire chaud avec un air peu humide, les plantes vont s’assécher. Il suffirait alors qu’un fort vent se lève pour qu’un incendie se déclare. C’est la règle des trois «30» : un vent supérieur à 30 km/h, une température dépassant 30°C et un taux d’humidité dans l’air inférieur à 30 % favorisent l’extension des feux. Et comme grâce aux averses printanières, herbes et arbustes ont plus poussé qu’habituellement, la quantité de combustibles végétaux augmente. «Il y a donc un risque de voir plus de foyers se propager», prévient Catherine Robert.

Alors qu’une partie du pays reste à l’abri des feux, le Var, les Bouches-du-Rhône, les Alpes-de-Haute-Provence et le littoral oriental et méridional de la Corse commencent à s’assécher, comme le constatent les pompiers sur le terrain. «La pluie n’a pas empêché l’éclosion d’incendies comme celui de Vidauban mi-juin ou Bandol lundi dernier [Var], déplore Eric Brocardi. Pourtant à Vidauban, il avait plu trois jours plus tôt.» Une pluie récente n’est donc pas gage de tranquillité. Tout dépend des quantités d’eau tombées, de l’intensité des précipitations et de l’état de stress hydrique de la zone avant la pluie.

Cet été, sur le pourtour méditerranéen, ce n’est pas la pousse de la végétation qui va peser sur le nombre d’incendies mais bien les conditions météorologiques, d’après la coordinatrice nationale de l’activité feux de forêt et végétation à Météo France. Car le développement des herbes et arbustes n’a pas été si important que cela dans cette zone. «Il est possible que nous nous retrouvions dans une saison classique avec des feux qui restent très importants pouvant dépasser les 1 000 hectares», précise-t-elle.

C’est pourquoi Eric Brocardi appelle la population à ne pas baisser la garde, d’autant que les soldats du feu seront sur tous les fronts cet été, notamment à cause des Jeux olympiques. Sans parler d’une hausse possible des événements météorologiques extrêmes, alors que l’urgence environnementale s’intensifie. Car, comme le souligne le sapeur-pompier, «la vitesse du dérèglement climatique et ses conséquences sont beaucoup plus rapides que notre adaptation, nous, soldats du climat».