Dans l’Hexagone, l’érosion côtière menace déjà 500 communes. Mais le danger lié à ce recul du trait de côte – déplacement de la limite entre la terre et la mer – plane aussi au-dessus des départements d’outre-mer français. En Guadeloupe, l’érosion menace «160 sites archéologiques, dont une quinzaine sont déjà en train de partir à la mer», a affirmé ce mardi 10 avril Jean-François Modat, conservateur régional de l’archéologie, en marge d’un colloque dédié au sujet.
Dans cet archipel des Caraïbes, «4 400 sites archéologiques sont recensés et parmi eux, 800 se situent à moins de 100 mètres du bord de mer», a-t-il ajouté. Le long d’une plage très touristique de la commune de Saint-François, les Raisins-Clairs, l’érosion a mis au jour au début des années 2010 un ancien cimetière d’esclaves, a-t-il donné en exemple. Les Antilles françaises, comme de nombreuses petites îles à travers le monde, notamment tropicales, sont particulièrement vulnérables aux effets du dérèglement climatique.
«Une fois que le site a disparu, c’est pour toujours»
Dans le cadre de cette annonce en forme d’alerte, un colloque international réunit, du mardi 9 au vendredi 12 avril, des scientifiques spécialistes de la discipline au Moule, commune située au nord-est de l’île. Leur but : présenter l’état des recherches sur l’Archéologie littorale outre-Atlantique (Aloa). Ce projet vise à surveiller et à anticiper les effets destructeurs des changements climatique et anthropique sur le patrimoine côtier des Antilles. «L’objectif […], c’est à la fois de recenser les sites archéologiques en danger sur le littoral, mais aussi de les étudier avec une démarche de science participative qui implique le grand public», explique Marie-Yvane Daire, chercheuse au CNRS à la tête du projet.
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«Il y a un enjeu patrimonial : une fois que le site a disparu, c’est pour toujours», a-t-elle poursuivi, évoquant «un crève-cœur» dans le choix des sites à protéger. «On sait qu’on ne pourra pas tout protéger et que nous allons devoir choisir qui on sauvegarde, qui on étudie et qui on laisse partir», a renchéri Jean-François Modat. Selon l’observatoire régional de l’énergie et du climat, le recul du trait de côte en Guadeloupe est inéluctable d’ici à 50 ans.