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Menace

En Guadeloupe, l’érosion met en péril 160 sites archéologiques

Dans cet archipel des Caraïbes, plus d’une centaine de sites archéologiques sont menacés par l’érosion côtière, dont «une quinzaine sont déjà en train de partir à la mer». Un colloque est organisé jusqu’au vendredi 12 avril pour évoquer l’avenir de ces sites.
L'Île de la Désirade. (Thierry Grun/Only France.AFP)
publié le 10 avril 2024 à 13h12

Dans l’Hexagone, l’érosion côtière menace déjà 500 communes. Mais le danger lié à ce recul du trait de côte – déplacement de la limite entre la terre et la mer – plane aussi au-dessus des départements d’outre-mer français. En Guadeloupe, l’érosion menace «160 sites archéologiques, dont une quinzaine sont déjà en train de partir à la mer», a affirmé ce mardi 10 avril Jean-François Modat, conservateur régional de l’archéologie, en marge d’un colloque dédié au sujet.

Dans cet archipel des Caraïbes, «4 400 sites archéologiques sont recensés et parmi eux, 800 se situent à moins de 100 mètres du bord de mer», a-t-il ajouté. Le long d’une plage très touristique de la commune de Saint-François, les Raisins-Clairs, l’érosion a mis au jour au début des années 2010 un ancien cimetière d’esclaves, a-t-il donné en exemple. Les Antilles françaises, comme de nombreuses petites îles à travers le monde, notamment tropicales, sont particulièrement vulnérables aux effets du dérèglement climatique.

«Une fois que le site a disparu, c’est pour toujours»

Dans le cadre de cette annonce en forme d’alerte, un colloque international réunit, du mardi 9 au vendredi 12 avril, des scientifiques spécialistes de la discipline au Moule, commune située au nord-est de l’île. Leur but : présenter l’état des recherches sur l’Archéologie littorale outre-Atlantique (Aloa). Ce projet vise à surveiller et à anticiper les effets destructeurs des changements climatique et anthropique sur le patrimoine côtier des Antilles. «L’objectif […], c’est à la fois de recenser les sites archéologiques en danger sur le littoral, mais aussi de les étudier avec une démarche de science participative qui implique le grand public», explique Marie-Yvane Daire, chercheuse au CNRS à la tête du projet.

«Il y a un enjeu patrimonial : une fois que le site a disparu, c’est pour toujours», a-t-elle poursuivi, évoquant «un crève-cœur» dans le choix des sites à protéger. «On sait qu’on ne pourra pas tout protéger et que nous allons devoir choisir qui on sauvegarde, qui on étudie et qui on laisse partir», a renchéri Jean-François Modat. Selon l’observatoire régional de l’énergie et du climat, le recul du trait de côte en Guadeloupe est inéluctable d’ici à 50 ans.