Le courant torrentiel de la Virène, abreuvée par les pluies abondantes de la mi-janvier, se transforme en bruyant fond sonore. Devant cette rivière normande, Antoine Poisson, chapeau de cow-boy vissé sur la tête et bottes en caoutchouc aux pieds, hausse la voix pour se faire entendre. «Je viens d’arrêter la prise d’eau de la centrale, la rivière s’écoule donc naturellement et on ne produit plus d’électricité», explique-t-il. Cela fait un an que cet ingénieur de 38 ans a mis en service sa propre centrale hydroélectrique, à Vire-Normandie (Calvados), construite à quatre mains avec son père, Serge Poisson, électricien retraité d’EDF. Un «moulin 2.0», comme aime à l’appeler l’aîné, qui produit assez d’électricité pour alimenter 500 foyers aux alentours.
Quand on leur demande qui a eu l’idée de se lancer dans cette aventure en premier, on plonge directement dans l’histoire d’une famille de passionnés. «Papa m’a transmis son engouement autour des rivières et des moulins à eau qu’il a depuis sa tendre enfance, raconte le fils. Et je le voyais partir à l’aventure, réparer les lignes électriques, ça m’impressionnait.» Sa vocation était toute trouvée : Antoine travaillera lui aussi dans l’électricité. Mais le déclic se produit lors d’un stage dans une société productrice d’énergie renouvelable. «J’en suis ressorti extrêmement impressionné par l’hydroélectricité, et j’ai demandé à papa : “Est-ce que tu connaîtrais pas des sites où l’on pourrait fair