C’est un fait, Etretat et ses falaises de carte postale sont menacées, et à brève échéance. Bien que naturelle, l’érosion littorale et le risque de submersion se trouvent galvanisés par une conjonction de facteurs. La montée des eaux, nourrie par le dérèglement climatique (de 0,8 à 1,8 mètre d’ici 2100 selon les dernières prévisions du Giec) va rendre plus profondes les morsures de la mer.
En janvier, des pans entiers se sont effondrés au Tilleul, la commune voisine, à quelques dizaines de mètres de la Manneporte d’Etretat, peinte par Claude Monet. Alors, le maire de la ville, André Baillard, fait le bilan : «La falaise a plus vieilli en vingt ans qu’en trois siècles.» La municipalité peut multiplier panneaux et garde-corps, les sentiers balisés côtoient des passages buissonniers qui narguent le vide et qui, avec les années, sont creusés par le tourisme de masse et les pluies.
Submersion en quelques minutes
D’autant que les galets normands ne remplissent plus leur fonction. «Ils permettent dans l’absolu d’amortir la houle et l’impact marin sur les falaises. Mais quand on en a peu, ils deviennent des projectiles qui martèlent la falaise», explique Claire Myr, ingénieure risques naturels et littoral au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). A Etretat,