Réviser notre stratégie énergétique
Zélie Victor, responsable «transition énergétique» au Réseau Action Climat
«La sobriété énergétique est un angle mort de notre politique alors qu’elle est un pilier pour atteindre la neutralité carbone. Il s’agit d’en faire un véritable sujet de politiques publiques. On peut par exemple éteindre les panneaux publicitaires lumineux dans les espaces publics, réduire d’un degré le chauffage dans les bâtiments publics ou favoriser les transports doux.»
Agir pour le vivant
Booster la rénovation thermique
Danyel Dubreuil, membre du Cler-Réseau pour la transition énergétique et coordinateur de l’initiative «Rénovons !»
«Il faudrait une rénovation performante des logements classés de C à G d’ici à 2030. On a besoin d’accompagnateurs qui ne fassent pas que du traitement administratif et financier, mais qui puissent aussi vérifier les diagnostics, les solutions proposées, les devis des artisans… Pour les propriétaires modestes, dans une optique de transition juste, il faut accepter de couvrir jusqu’à 100 % du coût des travaux, sinon ils ne le feront pas. Il faut sortir de la communication politique pour que la rénovation énergétique ait vraiment un impact sur la vie des gens et sur la planète.»
Protéger la biodiversité
Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux
«La priorité est de redonner un élan à la lutte contre le déclin de la biodiversité. Pour ce faire, on doit investir au même niveau que pour le climat. Il faut revoir l’agriculture intensive, en finir avec le développement de l’artificialisation des terres, lutter contre les espèces invasives et le réchauffement climatique. La feuille de route, on la connaît. Seuls une volonté politique, beaucoup de courage et de détermination feront la différence.»
Analyse
Enclencher la transition agricole
Mathieu Courgeau, président de la plateforme «Pour une autre PAC» et paysan en Vendée
«La nouvelle politique agricole commune, qui va couvrir la période 2023-2027, correspond pile poil au quinquennat. On est en pleine finalisation de ce chantier, donc si on veut une véritable transition agricole, il faut modifier le plan français. Il n’est pas du tout à la hauteur et la Commission européenne l’a bien remarqué en demandant à la France de revoir sa copie. On ne fera rien de sérieux en matière de transition agroécologique si on ne modifie pas la PAC. Premièrement, il faut une véritable reconnaissance de l’agriculture biologique. Deuxièmement, il faut accompagner ceux qui s’engagent sur la réduction des pesticides et des engrais. Troisièmement, il faut rémunérer ceux qui rendent déjà des services environnementaux, c’est-à-dire qui ont des haies, des mares… Ces outils ne fonctionneront que si les agriculteurs sont nombreux sur le territoire, donc il va falloir favoriser l’installation d’une nouvelle génération.»
Réformer les transports
Amandine Lebreton, directrice du plaidoyer et de la prospective à la Fondation pour la nature et l’homme
«Non seulement l’industrie automobile ne va pas assez vite dans la transition écologique, mais elle ne cesse de perdre des emplois. Accélérer la transition vers l’électrique, donner un cap clair vers la sortie définitive des fossiles est la condition première pour recréer une dynamique positive pour l’emploi et relocaliser. Mais pour une transition réussie, il faut aussi miser sur l’économie circulaire et accompagner plus fortement tous les salariés, former aux nouveaux métiers, faire en sorte qu’aucun salarié ne se retrouve sur le carreau. Le prochain quinquennat sera crucial de ce point de vue.»