Menu
Libération
Brasiers

Espagne : les incendies génèrent des émissions de CO2 jamais vues

La combustion des forêts dans le pays ces deux dernières semaines a libéré dans l’atmosphère des quantités records de gaz à effet de serre et les fumées ont dégradé la qualité de l’air.
Dans le village de San Vicente de Leira, en Galice mardi 19 août. (Miguel Riopa/AFP)
publié le 20 août 2025 à 15h16

La courbe, fulgurante, pointe presque à la verticale. Les émissions de CO2 causées par les feux de forêt qui ravagent l’Espagne depuis deux semaines atteignent des niveaux jamais vus en vingt-trois ans de données enregistrées dans le pays, a annoncé mardi 19 août l’observatoire européen Copernicus.

Le 20 août, selon les chiffres transmis à Libération, 22 millions de tonnes de CO2 avaient déjà été larguées dans l’atmosphère, davantage que les émissions annuelles des 3,4 millions de personnes habitant à Madrid. Et ce n’est sans doute pas un bilan définitif, puisque les incendies sont toujours en cours. Une illustration du cercle vicieux à l’œuvre : les activités humaines émettent du CO2, qui réchauffe l’atmosphère, crée des conditions plus favorables au développement des feux de forêt, qui à leur tour crachent davantage de CO2 et renforcent le changement climatique.

Cette année, les scientifiques de Copernicus notent une augmentation «spectaculaire» des gaz à effets de serre libérés par la combustion de la végétation dans la péninsule ibérique : «Les émissions liées aux incendies en Espagne et au Portugal au cours du mois d’août ont été exceptionnelles. En seulement 7 à 8 jours, les émissions totales estimées sont passées de niveaux inférieurs à la moyenne au plus haut total annuel jamais enregistré pour l’Espagne» dans les deux dernières décennies, explique Mark Parrington, directeur scientifique du Service de surveillance de l’atmosphère Copernicus (Cams). Au Portugal, les émissions avoisinent les 10 millions de tonnes de CO2, un chiffre qui reste inférieur au précédent record, atteint en 2017.

Fumées néfastes

En Espagne, 382 000 hectares ont été dévorés par les flammes depuis le début de l’année, un record, battant le bilan de 2022 (306 000 hectares). Presque la totalité de cette surface brûlée date des deux dernières semaines caniculaires, qui ont vu se succéder des brasiers dans les régions du nord-ouest (Castille-et-León, Galice et Asturies), ainsi qu’en Estrémadure, dans l’ouest du pays.

Les feux de forêt ont également libéré des fumées chargées en particules fines néfastes pour la santé. «Les observations du réseau espagnol de surveillance de la qualité de l’air, ainsi que celles issues du système de prévision et de suivi du Cams, montrent que la qualité de l’air s’est dégradée sur une vaste partie du pays, avec des concentrations de particules fines PM2,5 largement supérieures aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé», constate Copernicus. Très petites, elles pénètrent profondément dans les voies respiratoires.

L’observatoire ajoute que la fumée a parcouru plusieurs centaines de kilomètres et a ainsi eu des effets néfastes bien au-delà des zones directement touchées par les feux. Les panaches ont notamment recouvert la moitié ouest de la France le week-end dernier et ont même atteint le Royaume-Uni.