Dans une analyse publiée ce mercredi 29 octobre, une coalition d’ONG de défense de l’environnement pointe des «défaillances systémiques» dans le contrôle des importations de ressources halieutiques par les Etats membres de l’Union européenne. L’UE, qui figure parmi les plus gros importateurs de poissons et fruits de mer, a pourtant défini un cadre strict pour lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (ou INN), qui menace les écosystèmes et crée une concurrence déloyale.
Mais «l’efficacité des règles dépend de leur mise en œuvre et les Etats membres ne respectent pas leurs engagements», explique Nikolas Evangelides, de l’ONG Pew Charitable Trusts, dans le communiqué de la Coalition de lutte contre la pêche INN dans l’UE, qui alerte sur la potentielle circulation de marchandises illégales sur le marché européen. Ce constat a été dressé après analyse, pour la période 2020-2023, des relevés que les Vingt-Sept transmettent régulièrement à la Commission pour détailler leurs actions contre la pêche illégale.
De gros importateurs dans le viseur
Ainsi, alors qu’au moins 5 % des débarquements effectués par des navires non européens doivent être inspectés, les Pays-Bas n’ont jamais atteint ce minimum légal sur la période et la Pologne l’a dépassé seulement en 2020.
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Autre point noir : la vérification insuffisante, y compris par de gros importateurs comme l’Italie ou le Portugal, des «certificats de capture», des documents garantissant que les produits viennent d’une pêche légale en précisant leur traçabilité. L’Italie n’a vérifié qu’un seul certificat de capture sur près de 26 000 reçus en 2023 et le Portugal a vérifié en moyenne seulement cinq certificats par an (sur un total de 7 800 à 10 500 par an) entre 2020 et 2023, relève l’analyse des ONG. Ces deux pays refusent aussi très peu de cargaisons, ce que les auteurs jugent «inquiétant» puisque les produits peuvent ensuite circuler librement dans l’UE.
Pour remédier à ces lacunes, les ONG de cette coalition, qui inclut notamment l’Environmental Justice Foundation (EJF), The Nature Conservancy, Oceana et WWF UE, ont lancé un appel à la Commission européenne, afin qu’elle sanctionne les Etats membres manquant à leurs obligations.