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Fruits et légumes, leurs prix flambent depuis un an

Alimentationdossier
Dans un rapport, l’association Familles rurales décompose la nette hausse des tarifs de ces produits alimentaires, pour les produits bio comme conventionnels. Championne de ce triste classement, la pastèque a vu son prix grimper de 40 %.
publié le 22 juillet 2022 à 20h43

Les fruits et légumes aussi connaissent l’inflation. Leur prix moyen a flambé de 11% entre 2021 et 2022, alerte l’association de consommateurs Familles rurales qui publie chaque année un observatoire des prix des biens de consommation courante.

«Le panier en conventionnel», par opposition aux produits issus de l’agriculture biologique, «a augmenté de 11% soit deux fois plus que l’inflation pourtant déjà très forte», révèle le collectif dans un rapport publié ce vendredi. Plus précisément, le prix du panier de fruits a augmenté de 8% et celui des légumes de 15%. Dans le bio, les hausses sont moins prononcées, avec une augmentation de 4% pour les fruits et même une baisse de 3% du prix des légumes.

Chez les fruits, la pastèque explose

La pastèque, championne de l’inflation en conventionnel, a connu une hausse de 40% en un an. En grande partie à cause des «conditions météorologiques défavorables» dans les zones où elle est cultivée, comme en Espagne. D’autres denrées se partagent le podium des produits les plus inflationnistes : la pêche, le poivron vert, les tomates en grappe et les haricots.

Pour le bio, on retrouve aussi la pêche ainsi que le citron jaune et la pastèque, dans une moindre mesure que du côté conventionnel. Au global, le prix moyen des fruits a progressé de 8 % pour ceux issus de l’agriculture conventionnelle, et de 4 % pour le bio.

Bref, «l’année 2022 ne marquera pas l’amorce d’une baisse du prix des fruits», déplore Familles rurales, pour qui «la cause tient essentiellement au choc inflationniste subi également par les producteurs, lequel a engendré une forte hausse des coûts de production et de conditionnement».

Côté légumes, le poivron et la tomate tirent vers le haut

Dans le conventionnel, avec respectivement 37 % et 31 % de hausse, les tarifs des poivrons et des tomates sont en forte hausse. Les haricots verts, le concombre et la pomme de terre tirent aussi les prix vers le haut. Globalement, le prix moyen des légumes a augmenté de 15 % pour ceux issus de l’agriculture conventionnelle.

Les produits bio sont globalement moins touchés par l’inflation, avec une baisse moyenne de 3 %. Cette situation provient d’une conjonction de deux phénomènes : la moindre utilisation d’intrants (comme les engrais, les pesticides et autres produits phytosanitaires), dont les prix ont fortement augmenté avec la guerre en Ukraine. D’autre part, le bio connaît aussi une baisse de consommation. Devant une demande qui diminue, les producteurs peinent à écouler leurs stocks et n’ont pas d’autre choix que de baisser leurs prix.

Autre question : est-il plus intéressant financièrement d’acheter ses fruits et légumes bio dans un magasin spécialisé ou dans un super ou hypermarché ? «Sur un panier global, il n’y a plus de grande différence aujourd’hui, écrivent les auteurs du rapport. En achetant un kilo de chacun des 19 fruits et légumes [choisis par l’étude, ndlr], le panier coûte en moyenne 98 euros dans les magasins bio et 95 euros dans les autres réseaux de distribution.»

Si les prix sont très différents entre les deux types de magasins, ils se compensent sur le ticket de caisse : par exemple, la pomme de terre ou le concombre sont près de 30 % plus cher en magasin bio, mais la banane et la tomate y sont respectivement 30 % et 25 % moins chères.

Dix ans de douloureuse

En une décennie, de mai 2012 à mai 2022, les prix des fruits ont augmenté de 42 % et ceux des légumes de 37 %. Face à cette hausse, l’association appelle les responsables politiques à consacrer un chèque alimentaire de 60 euros «pour toutes celles et ceux qui se voient aujourd’hui exclus des produits sains pour leur santé, faute de budget suffisant».

Cela représenterait une charge de près de 6,5 milliards d’euros par an sur le budget de l’Etat. «Rapportés aux 20 milliards que coûte l’obésité, il s’agirait d’un investissement bien plus que d’une charge», plaide le rapport.

L’association fait également un focus sur le budget mensuel minimum à consacrer aux fruits et légumes par mois pour une famille de quatre personnes qui souhaiterait respecter la recommandation de manger «cinq fruits et légumes par jour et par personne». Ainsi, pour une famille à l’affût du prix le plus bas, un panier moyen sera de 60 euros, soit une augmentation de 15 % en un an. Pour les adeptes du cultivé en France, ce sera un panier moyen de 64 euros, une hausse de 12 % en un an. Enfin, pour ceux qui veulent tout acheter bio, il faudra débourser en moyenne 86 euros, un budget qui reste similaire entre 2021 et 2022.

Pour limiter les coûts, Familles rurales conseille de toujours comparer les produits au kilo, en faisait attention aux lots, parfois trompeur sur leur caractère économe. «Si le prix au kilo des produits n’est pas affiché, il devient impossible pour les consommateurs de comparer. C’est une pratique dont usent et abusent certaines surfaces de vente», alerte le rapport. De surcroît, la vente par lot pose un problème environnemental dans la mesure où elle nécessite la plupart du temps un emballage supplémentaire.