Un traitement des effets et pas de la cause. L’Australie dévoile ce vendredi un plan financier de 700 millions de dollars sur neuf ans pour protéger le plus grand récif corallien du monde, particulièrement détérioré par le changement climatique. Le but : que la Grande barrière ne soit pas retirée de la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Le récif a été frappé par trois épisodes très graves de blanchissement en 2016, 2017 et 2020.
Une grande partie de ce nouveau plan d’investissements sera consacrée à la prévention de la pollution des récifs par les eaux de ruissellement agricoles. Environ un quart des fonds sera affecté à l’autorité du parc marin de la Grande barrière de corail «pour réduire les menaces que représentent les étoiles de mer acanthaster», qui se nourrissent de coraux.
Selon une étude récente, le blanchissement a touché 98% de la Grande barrière de corail australienne depuis 1998, épargnant seulement une infirme partie du récif. Ce grave phénomène de dépérissement se traduit par une décoloration. Il est provoqué par la hausse de la température de l’eau – conséquence directe du réchauffement climatique – qui entraîne l’expulsion des algues symbiotiques qui donnent au corail sa couleur vive.
«Sparadrap sur une jambe de bois»
Mais après cette annonce du très climatosceptique Premier ministre australien, Scott Morrison, les associations de protection de l’environnement ne sont guère emballées. L’ONG australienne Climate Council qualifie ce nouveau plan de «sparadrap sur une jambe de bois», dénonçant le double jeu du gouvernement et des politiques sur les questions environnementales.
«Distribuer de l’argent pour la Grande barrière de corail d’une main, tout en finançant l’industrie des énergies fossiles, qui est à l’origine de conséquences climatiques dévastatrices comme les vagues de chaleur marines et le blanchissement des coraux, signifie qu’ils aggravent le problème qu’ils prétendent vouloir résoudre», s’exaspère Lesley Hughes, membre de l’association et professeur de biologie à l’Université Macquarie. «Sauf à réduire fortement les émissions dans les dix prochaines années, la situation de la barrière n’ira qu’en se dégradant.»
Pledging money to save the reef while at the same time championing a “gas-fired” pandemic recovery and propping up the fossil fuel industry in Australia is 🤔#auspol @RNBreakfast @PatsKarvelas @sussanley
— Climate Council (@climatecouncil) January 27, 2022
Bien que l’Australie ait annoncé viser la neutralité carbone pour 2050, le gouvernement conservateur australien reste toutefois l’un des plus grands exportateurs mondiaux de gaz et de charbon. Les partis politiques reçoivent même des financements significatifs de donateurs liés aux industries fossiles, dont l’économie du pays dépend encore grandement.
Pourtant, les Australiens semblent majoritairement favorables à des actions visant à limiter le changement climatique après avoir subi une série de catastrophes aggravées par le réchauffement : feux de brousse, sécheresses, inondations et records de chaleur. Selon un sondage réalisé en 2021 par l’Institut Lowy de Sydney, 60% des Australiens estiment que «le réchauffement climatique est un problème grave et urgent». Pas moins de huit Australiens sur dix soutiennent l’objectif de neutralité carbone en 2050.