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Libération
Procédure-bâillon

Greenpeace condamnée aux Etats-Unis à verser plus de 665 millions de dollars à l’exploitant du Dakota Access Pipeline

L’ONG a été condamnée ce mercredi 19 mars à verser plus de 665 millions de dollars à Energy Transfer pour avoir participé à des manifestations en 2017 contre ce pipeline traversant le nord des Etats-Unis.
Dans un camp d'activistes opposés au pipeline, à Cannon Ball, dans le Dakota du Nord, le 22 février 2017. (Stephen Yang/Getty Images. AFP)
publié le 19 mars 2025 à 22h04
(mis à jour le 20 mars 2025 à 14h56)

Une amende record et l’avenir de Greenpeace menacé. L’ONG de protection de l’environnement, connue pour ses actions coup de poing, a été très lourdement condamnée par un tribunal du Dakota du Nord, dans le nord des Etats-Unis, ce mercredi 19 mars, pour s’être opposée à la construction d’un oléoduc. Un jury de l’Etat américain a reconnu l’organisation responsable de la majorité des griefs qui lui étaient reprochés et l’a condamné à verser plus de 665 millions de dollars au groupe Energy Transfer, selon une copie du jugement consultée par l’AFP.

Le groupe pétrolier américain accusait l’organisation écologiste de diffamation et d’incitation à la violence pour avoir mené des manifestations entre 2016 et 2017 dans le Dakota du Nord contre le projet du Dakota Access Pipeline. La tribu autochtone Sioux de Standing Rock et des groupes écologistes dont Greenpeace, rejoints à plusieurs occasions par des milliers de manifestants, avaient tenté en vain d’empêcher la construction d’un tronçon de l’oléoduc devant traverser, selon les Sioux, des sites sacrés et menaçant leurs sources d’eau potable.

Des centaines de manifestants avaient été blessés et arrêtés, suscitant l’inquiétude de l’ONU quant à une possible violation de la souveraineté des populations autochtones. Le Dakota Access Pipeline a finalement été mis en service en 2017.

Soutien de Billie Eilish

Lors du procès qui a duré trois semaines, Energy Transfer a accusé plusieurs entités, dont Greenpeace, d’avoir joué un rôle clé dans ces manifestations, ce que démentent l’ONG et des représentants autochtones impliqués dans le mouvement. Greenpeace dénonce de son côté une procédure abusive visant à la «faire taire». «Si Energy Transfer réussit à imposer une forte amende à Greenpeace, cela encouragera d’autres entreprises à mener des actions similaires et pourrait décourager considérablement des mouvements de contestation», avait estimé avant le procès Michael Gerrard, professeur de droit à l’université Columbia et spécialiste des actions de justice climatique.

Dans un communiqué, Greenpeace dénonce à son tour ce mercredi une condamnation qui vise à «détruire le droit de manifester pacifiquement». Avant le procès, l’ONG avait déclaré qu’elle risquait la faillite de ses activités aux Etats-Unis en cas d’amende.

Lors d’une première procédure intentée au niveau fédéral, Energy Transfer avait réclamé, sans succès, 300 millions de dollars. Plus de 400 organisations, ainsi que des personnalités publiques telles que la chanteuse Billie Eilish et les actrices Jane Fonda et Susan Sarandon, ont signé une lettre ouverte de soutien à Greenpeace, tout comme des centaines de milliers de personnes à travers le monde.

Mise à jour le 20 mars à 14h56 avec le montant des dommages et intérêts.