Mille litres de liquide couleur hémoglobine, pulvérisés sur une gigantesque toile blanche suspendue à une plateforme gazière en mer du Nord. Les militants de Greenpeace Royaume-Uni ont revendiqué ce jeudi 14 août une action effectuée la veille sur une plateforme offshore de la compagnie britannique Shell.

Sept militants ont ainsi escaladé mercredi la plateforme Skiff, à environ 80 kilomètres de la côte du Norfolk (est de l’Angleterre), pour y installer une œuvre géante conçue par l’artiste britannique Anish Kapoor intitulée «BUTCHERED» (MASSACRÉ en français).

Ils ont accroché le long de la structure métallique une toile vierge de 12 mètres sur 8 avant d’y pulvériser 1 000 litres d’un mélange rouge composé d’eau de mer, de poudre de betterave et de colorant non toxique, pour donner l’impression que le tissu était ensanglanté.

Greenpeace souligne que cette action intervient «au moment même où des vagues de chaleur dévastatrices, des incendies de forêt et des inondations alimentés par le secteur des énergies fossiles frappent le Royaume-Uni, la France et le monde entier». Philip Evans, responsable de campagne chez Greenpeace au Royaume-Uni, a exhorté les gouvernements à «tenir les géants pétroliers comme Shell responsables, et à les obliger à payer pour les énormes dégâts qu’ils causent».

Auprès du Guardian, un porte-parole de Shell UK a déclaré : «La sécurité en mer est notre priorité. Greenpeace a pénétré sans autorisation dans une zone de sécurité restreinte autour de la plateforme, établie par la législation britannique pour protéger les personnes et prévenir les collisions. Leurs actions étaient extrêmement dangereuses, impliquant une intrusion illégale et mettant leur vie et celle d’autrui en danger.» Il souligne que la compagnie pétrolière «[respecte] le droit des individus et des organisations à manifester, mais cela doit se faire en toute sécurité et légalement.»

De son côté, le plasticien britannique Anish Kapoor souligne : «Je voulais créer quelque chose de visuel, physique, viscéral pour illustrer le massacre qu’ils infligent à notre planète». Depuis le début de l’été, des dizaines de milliers d’hectares ont été ravagés en Europe méridionale, et la Grèce, le Portugal et l’Espagne luttaient toujours jeudi contre des feux violents, qui ont fait cinq morts – trois en Espagne, un au Monténégro, un en Albanie.