L’été 2022 était déjà terminé quand la liste est arrivée sur le bureau du maire de Châteauneuf-Grasse (Alpes-Maritimes). Emmanuel Delmotte a reçu le nom des administrés ayant forcé sur le robinet. «Les gros consommateurs d’eau sont des VIP, a vite remarqué l’élu. Des premiers ministres, des rois, des ministres, d’anciens présidents de conseil. Surtout étrangers.» Dans cette commune de 3 700 habitants, les arrêtés sécheresse ont couru tout l’été. Au stade le plus élevé, celui de crise, il était interdit d’arroser son jardin, de remplir son bassin, de laver sa voiture ou d’irriguer massivement les terres agricoles. Or, l’eau a coulé à flots chez les gros consommateurs. Cinq grandes propriétés occupent les premières places de la liste. Elles confrontent l’édile, sans étiquette politique, à un épineux «problème» : comment imposer son pouvoir de police de l’eau ?
De parole de maire, Châteauneuf-Grasse est «la plus belle commune de France». Son village provençal surplombe la Méditerranée, posé au sommet d’une colline d’oliviers et de chênes truffiers. Si certains grands de ce monde s’y installent, c’est surtout pour ses propriétés XXL : 20 hectares d’un seul tenant, une rareté sur la Côte d’Azur. Et aussi pour sa situation idéale : à quinze minutes de Cannes et à