Appuyé sur une rambarde, Dominique fixe l’eau qui cerne son petit immeuble depuis une semaine. «La première chose que je fais, en me levant, c’est regarder par la fenêtre si elle est montée.» Le quinquagénaire pointe ses repères : la démarcation humide d’un arbre, le pont face à lui. A gauche, un banc est quasiment englouti par le fleuve qui normalement coule à ses pieds. La palissade métallique, chemin suspendu au-dessus de la rue inondée, couine sous les pas pressés d’une famille. Echange de regards mi-amusés, mi-amers. Ce vendredi 8 mars, voilà une semaine que la ville de Saintes (Charente-Maritime), 26 000 habitants, se trouve en partie submergée. La troisième fois depuis novembre.

Contrairement à la deuxième crue, en décembre, l’eau ne s’est, cette fois, pas immiscée dans les rez-de-chaussée des maisons. Mais, à nouveau, la cave de Dominique est inondée. «Elle me sert à stocker le matériel de mon entreprise de réparation de vélo. J’ai presque tout perdu, l’équivalent de 6 000 euros.» Sans compter les objets personnels. Il a sauvé ce qu’il a pu. Alors, maintenant, des cartons jonchent le sol de son petit appartement, une trottinette barre presque l’entrée de sa douche, des tambours sont stockés dans le couloir et l’une des deux chambres. L’odeur d’humid