Il y a un an, ils photographiaient leur petit-fils en canoë dans leur jardin inondé d’Arques, près de Saint-Omer. Le seul souvenir heureux de la période. Quarante centimètres d’eau dans leur pavillon, en bout d’impasse. Les crues du Pas-de-Calais ont touché 540 000 personnes entre novembre 2023 et janvier 2024. Aujourd’hui, Véronique et Pascal vivent encore dans l’humidité de leurs murs dénudés, papier peint enlevé, dans l’attente de l’indemnisation d’assurance. Usant, résument-ils. Les compagnies ont été submergées par les demandes, ce qui a ajouté au traumatisme de nombre de sinistrés. «On a un manque de goût d’entreprendre quoi que ce soit, on ne peut pas penser au futur, souligne Véronique, 64 ans, infirmière à la retraite. Ça ne me donne même plus envie de sortir.» Son mari, ancien chef de projet dans l’industrie, vient juste de prendre la sienne. Pas celle dont il rêvait. «Il y a un boulot monstre dans cette maison, dit-il, mais on ne peut rien attaquer, même pas accrocher un cadre sur le mur.» Ils sont là, les tableaux, empilés sur le haut d’une armoire.
Pascal et Véronique racontent aussi leurs voisins, «complètement psychosés (sic)», comme celui qui vient sonner à leur porte dès que ça mo