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Urgence

Inondations dans le Pas-de-Calais : une réunion organisée pour décider du nettoyage des ruisseaux et rivières

Ce mardi après-midi, une réunion se tient à Arras en présence d’élus locaux et du ministre de la Transition écologique pour évoquer les possibles réponses à la crise qui touche le département depuis novembre. Le curage des cours d’eau et la question de la franchise pour les artisans et commerçants devraient être au menu des discussions.
Lundi 8 janvier à Arques, ville du Pas-de-Calais touchée par les inondations. (Stéphane Dubromel/Libération)
par Stéphanie Maurice, correspondante à Lille et Margaux Lacroux
publié le 9 janvier 2024 à 12h37

Dimanche soir, Emmanuel Macron a demandé au gouvernement «d’accélérer les réponses à la situation que traversent les habitants du Pas-de-Calais». Ce mardi 9 janvier, une réunion organisée à Arras, la préfecture du département sinistré par les inondations, doit rassembler représentants de l’Etat, élus locaux, collectivités et syndicats de gestion des eaux. Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, qui avait promis des «réponses exceptionnelles» à cette crise la semaine passée, sera présent.

«Le but est de décider qui paie les travaux»

L’entourage du président LR de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, très remonté ces derniers jours contre les réponses de l’Etat à la situation d’urgence, espère que cette réunion aura pour but de déterminer les «travaux nécessaires en urgence, commune par commune». Il avance l’idée de nettoyer et curer les cours d’eau pour faciliter l’écoulement jusqu’à la mer. Des opérations pour enlever des arbres et autres débris ont déjà été menées localement. Mais gare aux solutions qui semblent aller de soi. Le curage des cours d’eau est une opération délicate et soumise à autorisation au cas par cas car il peut porter atteinte au bon fonctionnement écologique des rivières. Cette pratique risque aussi de précipiter toute l’eau vers la zone aval, où les fortes marées peuvent limiter l’évacuation vers la mer, ce qui peut en bout de course créer des inondations localisées. «Le but est de décider qui paie les travaux, qui lance les procédures, quelles entreprises le feront», maintient l’entourage du président des Hauts-de-France.

Le thème des franchises d’assurance pour les catastrophes naturelles devrait aussi être abordé lors de la rencontre d’Arras. Dimanche, le ministre l’Economie, Bruno Le Maire, a assuré que les particuliers qui avaient déjà été sinistrés lors de l’épisode de novembre n’auraient pas à payer une deuxième fois la franchise d’assurance, qui s’élève à 380 euros. Xavier Bertrand compte soumettre l’idée d’une prise en charge «au moins partielle» pour les franchises des commerçants, qui peuvent s’élever à plusieurs milliers d’euros.

«Si on ne fait rien, ça va recommencer»

Dans les zones concernées, les attentes de la population sont grandes. Lundi, Bourthes se remettait doucement. Quelques jours plus tôt, le ministre de la Transition écologique avait visité le village du Pas-de-Calais où l’Aa prend sa source : trois inondations depuis novembre. Pour les habitants, c’est devenu un jour sans fin. Le soir du 31 décembre, Guillaume, menuisier charpentier, a dû quitter en catastrophe le repas de fête auquel il assistait pour déplacer les camions de son entreprise, menacés par la montée des eaux. Jeudi, il venait d’arriver au bout du nettoyage de son atelier quand, dans la nuit, il s’est remis à pleuvoir. «A 4h30 du matin, tout était sec. A 7h30, il y avait à nouveau de l’eau partout. Je me suis dit, c’est pas possible, j’ai rêvé !» Dans son entrepôt, des plaques de bois ont macéré dans la flotte, 3 500 euros de fournitures perdues. Devant chez lui, l’Aa avait retrouvé son lit lundi, mais restait à fleur de berge.

«On a encore février et mars à passer, constate-t-il. L’année dernière, c’est en mars qu’on a eu le plus d’eau. Si on ne fait rien, ça va recommencer.» Il voudrait que les ruisseaux ou les fleuves côtiers soient curés, que les villages des hauteurs soient équipés pour retenir davantage la pluie, grâce à des bassins de rétention. «Il faut refaire les rivières jusqu’à Gravelines», exhorte-t-il. Jusqu’à la mer, où l’eau en surplus est rejetée. Voilà ce qu’il attend du gouvernement. L’important, à ses yeux, c’est que l’Etat prenne la mesure de l’urgence. «Les politiques, ils disent on va faire, on va faire. Mais dans combien de temps ? Il faut des travaux pour rassurer les gens !»