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Urgence

Inondations, incendies... 195 pays se penchent sur les prévisions climatiques

Sept ans après le dernier rapport du Giec, 195 Etats se lancent, ce lundi, dans un processus d’adoption de prévisions actualisées. Prévu pour le 9 août, le nouveau texte devrait évaluer la faisabilité de certains objectifs de l’accord de Paris et conforter les appels à agir au plus vite contre le changement climatique.
Des inondations à Zhengzhou, en Chine, la semaine dernière. (Noel Cilis/AFP)
publié le 26 juillet 2021 à 13h18

Le début d’une action plus rapide et plus forte ? Au beau milieu d’un été marqué par des catastrophes climatiques, 195 pays entament ce lundi l’adoption des nouvelles prévisions des experts climat de l’Organisation des nations unies (ONU). Ce nouveau rapport de référence intervient sept ans après la dernière évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) et devrait (dans l’idée) inciter à davantage lutter contre le changement climatique.

«Les chiffres et les statistiques sont inestimables mais ce dont le monde a besoin maintenant, plus que tout, c’est d’action climatique. Les peuples à travers le monde l’exigent», a plaidé, la semaine dernière, la responsable climat de l’ONU, Patricia Espinosa. Pendant deux semaines, le «résumé pour les décideurs» de ce futur rapport sera négocié, ligne par ligne, en huis clos virtuel avant d’être rendu public le 9 août. Hausse de la température mondiale, niveau des océans, intensification des événements extrêmes… Il mettra à jour son évaluation et ses prévisions climatiques. Début 2022, deux autres volets seront publiés, dont l’un, sur les impacts du réchauffement climatique sur la vie sur Terre d’ici trente ans, n’arrivera qu’après la COP26, prévue à Glasgow (Ecosse) en novembre.

«Dès que ces tragédies seront terminées, nous oublierons»

Et, on peut le dire : ce rapport n’arrive pas trop tôt vu la multiplication des catastrophes naturelles. En Inde, les inondations et glissements de terrain provoqués par les fortes pluies de mousson ont provoqué la mort de 159 personnes et entraîné la disparition de dizaines d’autres. Un drame loin d’être isolé pour ce pays, en première ligne face au changement climatique. En Allemagne, en Belgique, en Angleterre… Des inondations ont causé des pertes matérielles et parfois humaines dramatiques pour ces pays qui se pensaient à l’abri. Attisé par une sécheresse alarmante, un incendie en Californie a déjà ravagé l’équivalent de la ville de Chicago en végétation. Au début du mois de juillet, certains thermomètres canadiens ont explosé avec une température de près de 50°C. Madagascar, de son côté, est aux prises avec la première famine dont la cause principale est le changement climatique.

La situation a beau être plus qu’alarmante, certains ont peu d’espoir. A l’instar de la militante écologiste suédoise Greta Thunberg qui, sur son compte Twitter, écrit : «En ce moment, tout le monde parle de l’urgence climatique, et à juste titre. Mais dès que ces tragédies seront terminées, nous oublierons probablement à nouveau et continuerons comme avant.»

«Limiter le réchauffement à 1,5°C est encore possible»

Par ailleurs, le rapport devrait aussi permettre, grâce aux milliers d’études scientifiques récentes sur lesquelles il se fonde, d’évaluer la faisabilité de certains objectifs fixés par l’accord de Paris sur le climat. En 2015, ce dernier engageait la quasi-totalité des pays de la planète à réduire leurs émissions de CO2 pour limiter le réchauffement à un niveau inférieur à 2°C, si possible à 1,5°C.

Pour l’instant, la Terre s’est réchauffée d’environ 1,1°C. L’étude du Giec établira donc si ce seuil de 1,5°C est effectivement réaliste. «Limiter le réchauffement à 1,5°C est encore physiquement, techniquement et économiquement possible. Mais pas pour longtemps si nous continuons à agir trop peu et trop tard», alerte Kaisa Kosonen, de Greenpeace.

Pour espérer ne pas le franchir, il faudrait réduire chaque année les émissions de 7,6% en moyenne, entre 2020 et 2030, selon l’ONU. L’année dernière, avec le Covid-19, cette baisse a effectivement été atteinte. Malgré tout, l’Agence internationale de l’énergie prédit des émissions records d’ici à 2023, vu la faible part consacrée aux énergies propres dans les plans de relance. «Mais si on n’y arrive pas, si on peut arriver à 1,6°C, c’est mieux que 1,7°C, et 1,7°C, c’est mieux que 1,8°C», note le climatologue Robert Vautard, un des auteurs du Giec.