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Enquête

Inondations meurtrières de 2015 : dans les Alpes-Maritimes, deux justices pour la même pluie

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Huit ans après le déluge qui a causé la mort de 20 personnes, des habitants de Biot et Mandelieu, les villes les plus touchées, dénoncent un deux poids, deux mesures alors que les procédures visant les élus locaux ont connu des débouchés opposés.
Ginette Denis, rescapée, et Bernard David, président de l’Association d’information et de défense de la commune de Mandelieu, résidence du Cap-Vert, à Mandelieu, le 6 septembre 2023. (Eléonora Strano/Hans Lucas pour Libération)
publié le 2 octobre 2023 à 7h05

Pour rejoindre Biot depuis Mandelieu-la-Napoule, comptez 25 ou 30 kilomètres par la route, 15 à dos de nuage. Un saut de puce pour l’orage monstrueux qui a ravagé le littoral des Alpes-Maritimes le soir du 3 octobre 2015. Le bilan humain est le plus lourd que le département ait connu pour un tel épisode météorologique : 20 morts, des centaines de sinistrés et plus de 600 millions d’euros de dégâts. Les deux communes sont dévastées par les inondations et se réveillent en deuil. Mandolociens et Biotois partagent le même traumatisme de cette nuit d’horreur et le même grief : l’alerte n’a pas été donnée. Des plaintes sont déposées des deux côtés, et les enquêtes menées identifient des dysfonctionnements humains et techniques similaires. Puis le parquet de Grasse décide que leurs chemins se séparent ici.

A Biot, quatre personnes, dont l’ex-maire Guilaine Debras (alors divers gauche, désormais à Renaissance) et la société Orpea, sont renvoyées en correctionnelle pour «homicides involontaires» après la noyade de trois pensionnaires de l’Ehpad du Clos Saint-Grégoire. Leur procès se tiendra en janvier 2024. A Mandelieu, malgré près de trente plaintes faisant suite à huit décès dans les parkings souterrains des résidences du boulevard de la Tavernière, il n’y a toujours aucune mise en examen. Sur place, ce deux poids, deux mesures continue d’inter