Dans le studio rouge de France Inter, ce lundi 1er juillet, l’atmosphère est lourde. La veille, le Rassemblement national, avec 33 % des voix, vient d’arriver largement en tête du premier tour des élections législatives, devant le Nouveau Front populaire, malgré une mobilisation éclair des troupes. Vêtue de sa traditionnelle veste verte, Marine Tondelier, entre, s’installe. Et réagit directement aux propos de Bruno Le Maire, assis quelques secondes plus tôt à sa place. «Je suis atterrée et extrêmement en colère», se livre-t-elle, la voix cassée par l’émotion. «Je suis très émue parce que ça fait dix ans que je vis dans une ville tenue par le Rassemblement national, souligne celle qui a grandi à Hénin-Beaumont, où Marine Le Pen a gagné dès le premier tour. Et ce que vient de faire Bruno Le Maire, c’est un comportement de lâche, et de privilégié».
Ce matin je suis atterrée et très en colère.
— Marine Tondelier (@marinetondelier) July 1, 2024
Les « responsables » politiques centristes qui ce matin parlent plus de la FI que du RN ont des comportements de lâches et de privilégiés.
En refusant d'appeler clairement les électeurs à voter pour un candidat du… pic.twitter.com/6rllPXx4JQ
Juste avant que l’écologiste ne prenne la parole, au bord des larmes, l’actuel ministre de l’Economie a choisi de dézinguer la France insoumise (et donc de fragiliser le Nouveau Front populaire) plutôt que de s’attaquer clairement au Rassemblement national, aux portes du pouvoir. Il a défendu la ligne de vote d’Edouard Philippe pour le second tour, proclamée la veille : face au RN, un candidat socialiste, communiste ou écologiste oui, un insoumis non. «C’est hors sol, c’est lunaire, ce n’est pas à la hauteur de l’histoire», a estimé Marine Tondelier. «Est-ce que le Rassemblement national a la possibilité d’être en majorité absolue à l’Assemblée nationale ? La réponse est oui. Est-ce que la France insoumise a la capacité d’être en majorité absolue à l’Assemblée nationale ? La réponse est non», a-t-elle rappelé. «Donc ils se trompent de problème», s’agace-t-elle.
«C’est trop tard»
«Ils ont choisi le déshonneur aujourd’hui, ils auront le déshonneur et la défaite, parce que la macronie, c’est fini», considère-t-elle, alors que Bruno Le Maire avait osé proposer à Marine Tondelier, avant de partir du studio, de «travailler ensemble». La cheffe de file des Ecologistes sonne le glas : «C’est trop tard». «Heureusement que les électeurs de gauche et écologistes sont moins sectaires et moins lâches que ça», a-t-elle ajouté, multipliant les tacles. «Vous pensez que les 9 millions de pauvres dans ce pays, que les gens qui ont vécu et pris de plein fouet leur politique, ça ne leur a pas redemandé du courage d’aller voter pour eux en 2022 ?»
Marine Tondelier a en revanche «remercié Gabriel Attal, qui a été plus clair que la moyenne de son camp et je pense que c’est une forme de courage, quoi que je pense de sa politique». C’est elle qui, la semaine dernière, avait écrit une lettre aux différents dirigeants macronistes pour leur demander de clarifier leur position sur le désistement de leurs candidats en cas de triangulaire. Le camp présidentiel est toujours divisé sur la conduite à tenir pour le second tour des législatives, certains de ses représentants refusant clairement tout désistement contre l’extrême droite en faveur de La France insoumise.
Cette figure écologiste s’est peu à peu imposée lors de cette campagne électorale éclair. Conformément à ce que le Nouveau Front populaire avait annoncé, c’est elle qui pourrait se mesurer face à Jordan Bardella lors d’un débat de l’entre-deux tours des élections législatives, après Manuel Bompard et Olivier Faure. «C’est à mon tour de représenter notre coalition au 3e débat. Dois-je comprendre que vous n’osez pas débattre avec moi ?», apostrophe-t-elle sur X le leader d’extrême droite, qui souhaite, lui, un duel avec Jean-Luc Mélenchon.