La protestation ne retombe pas à Tahiti. Le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, songe à déplacer l’épreuve de surf des Jeux Olympiques de Paris 2024 sur un autre spot que celui, mythique, de Teahupo’o, a-t-il affirmé ce mardi 7 novembre. La construction d’une tour des juges, en plein lagon, suscite la controverse. Des écologistes, des surfeurs et des habitants du village mondialement célèbre pour ses vagues puissantes se mobilisent contre ce nouvel ouvrage. En aluminium, il serait édifié dans l’eau spécialement pour l’épreuve des JO, ce qui pourrait dégrader, selon eux, les fonds marins et nuire à la biodiversité du site.
Moetai Brotherson, qui partage ces craintes, exclut l’utilisation de cette tour et envisage d’organiser l’épreuve à Taharuu, un site moins renommé mais plus facile d’accès, sur la côte ouest de Tahiti. «C’est un beach-break (une plage où les vagues déferlent et se brisent sur un fond de sable, ndlr), doté de toutes les infrastructures à terre», a-t-il précisé. Lors d’un entretien en marge du Forum des Îles du Pacifique, à Rarotonga, la plus grande des îles Cook, le président polynésien a rappelé que ce spot avait déjà été envisagé. «Cela nous aurait permis d’éviter les soucis qu’on a aujourd’hui. A l’époque ce n’était pas possible. Au regard des enjeux et de la protestation, peut-être qu’on pourra réviser cette option», a-t-il souligné.
Un risque d’«exploser» du corail
L’objet du courroux mesure quatorze mètres de hauteur. La tour d’arbitrage devrait comporter trois étages, internet et des toilettes. Déjà construite, elle n’a pas encore été installée sur site. Le coût du projet est estimé à près de 4,4 millions d’euros.
«Je ne vois pas par où on pourrait faire passer la barge [de la foreuse] sans exploser du corail», a expliqué Moetai Brotherson. Pour le chef de l’Etat, la seule solution est d’homologuer pour les Jeux Olympiques la tour en bois utilisée dans le cadre des compétitions du circuit mondial de surf à Teahupo’o. Le comité d’organisation des JO justifie le projet par des raisons de sécurité, la tour en bois de 13,50 mètres n’étant plus aux normes.
Le surfeur Matahi Drollet alerte sur le projet de construction d'une tour de 14 mètres climatisée avec internet et toilettes pour 4,4 millions d'€ à #Tahiti afin d'accueillir les juges de l'épreuve de surf des JO 2024. Sa construction pourrait entrainer des dégâts sur le corail.… pic.twitter.com/ipBJs7o7bo
— Anonyme Citoyen (@AnonymeCitoyen) October 30, 2023
L’équipe technique travaillant sur cette hypothèse devrait se prononcer le 15 novembre prochain. Selon le président de la Polynésie française, il faudra également déterminer si les délais d’appels d’offres et de mises aux normes sont tenables. Le surfeur local Matahi Drollet et l’association de défense du site, Vai Ara o Teahupo’o, ont lancé une pétition contre le projet. Mardi 7 novembre, plus de 147 000 signatures avaient été réunies.