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Recensement

La population d’ours s’accroît dans les Pyrénées, mais les associations réclament de nouveaux lâchers

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96 individus ont été détectés dans le massif en 2024, selon le décompte annuel de l’Office français de la biodiversité (OFB), dévoilé ce jeudi 3 avril. Un chiffre en progression, mais qui ne garantit pas la pérennité de l’espèce.
Un ours au parc animalier des Angles (Pyrénées), en août 2024. (Frederic Scheiber/Hans Lucas.AFP)
publié le 3 avril 2025 à 16h52

La réintroduction de l’ours brun dans les Pyrénées fêtera ses 30 ans l’année prochaine. Avec un nombre de plantigrades qui continue de progresser, selon le dernier inventaire de l’Office français de la biodiversité (OFB) dévoilé ce jeudi 3 avril. Au total, 96 individus ont été identifiés dans l’ensemble du massif en 2024, «dont 13 portées totalisant 22 oursons de l’année», indique l’agence, qui coordonne en France le Réseau Ours brun et établit un bilan en collaboration avec les services espagnols et andorrans.

L’année précédente, 90 animaux avaient été comptabilisés, selon les différentes méthodes de suivi. La population d’ours poursuit ainsi un développement régulier avec un «taux d’accroissement moyen annuel entre 2006 et 2023» estimé «à + 11 % pour l’ensemble des Pyrénées», selon le rapport annuel du Réseau Ours brun.

Diminution de la diversité génétique

En dépit de cette évolution, la pérennité de l’espèce n’est pas assurée, selon l’OFB, l’état de conservation d’une population se mesurant aussi par des critères qualitatifs, comme «sa capacité à résister à des maladies, à des changements de climat ou de nourriture, et à des événements extérieurs», explique-t-on. La diminution de la diversité génétique «pourrait potentiellement altérer cette dynamique dans les années futures», prévient le Réseau Ours brun. Une étude est actuellement menée pour quantifier les effets de la consanguinité sur la démographie des ours des Pyrénées, avec des résultats complets attendus fin 2026. C’est pourquoi les associations de défense de l’ours réclament à l’Etat de nouveaux lâchers, afin de diversifier les gènes, pour tenter de stabiliser l’espèce.

Mais l’introduction de nouveaux animaux est un sujet délicat, alors que leur présence même est contestée par des éleveurs de bovins et d’ovins, qui se plaignent des prédations durant la période estivale, quand le bétail se trouve dans les hauts pâturages. Selon le même rapport de l’OFB, 310 attaques d’ours sur le bétail et 14 sur les ruchers ont eu lieu en France l’an dernier, contre respectivement 349 et 7 en 2023. En 2020 et 2021, quatre ours avaient été illégalement tués et n’ont pas été remplacés. «C’est une question qui doit être réglée par le politique», affirme donc le préfet en charge de la question de l’ours, Thierry Hegay. L’objet d’un débat pas toujours évident.