Difficile de faire entrer un peu de fraîcheur dans les habitations du sud de la France ce lundi 29 juillet au matin. A Toulouse, Bordeaux, Marseille ou Cannes, le thermomètre dépassait déjà les 30°C à 9 heures. Une montée en flèche après une nuit sans répit. A Nice et Menton (Alpes-Maritimes) ou encore à Marignana (Corse), la température n’est pas descendue sous les 24°C entre dimanche et lundi. «Ce sont des nuits étouffantes, difficiles à supporter», commente pour Libération Jérôme Lecou, ingénieur prévisionniste à Météo France.
Après un printemps et un début d’été humides, la France entre brutalement, en cette fin juillet, dans sa première vague de chaleur de l’année. «Il s’agit vraiment d’une canicule pour le Sud-Ouest et Sud-Est mais au niveau national, il faudra attendre les relevés de l’indicateur thermique sur plusieurs jours, qui seront les juges de paix, pour l’affirmer», précise le même scientifique. Dans son dernier bulletin publié lundi dans l’après-midi, Météo France rappelle que l’épisode sera «de relativement courte durée mais particulièrement intense». Il devrait s’accompagner de nuits tropicales (quand le mercure ne descend pas sous les 20°C-25°C la nuit), notamment à Bordeaux, Toulouse, Montauban, Perpignan ainsi qu’à Nice.
Ce phénomène, qui s’amplifie sous l’effet du changement climatique, est à prendre au sérieux. «La fraîcheur nocturne est de seulement quelques heures et la température remonte très vite en matinée. Les organismes n’ont pas le temps de récupérer», détaille Jérôme Lecou. «Pour les personnes fragiles, il faut beaucoup s’hydrater. Il faut évidemment éviter de sortir lorsque la période de la journée est la plus chaude», a rappelé lundi sur BFMTV Frédéric Valletoux, ministre démissionnaire délégué chargé de la Santé. Les «efforts physiques intenses» sont aussi déconseillés, a-t-il précisé.
L’épicentre de la fournaise
Ce lundi en milieu d’après midi, 41 départements, majoritairement situés dans la moitié sud, se trouvaient placés en vigilance orange (troisième des quatre niveaux d’alerte) par Météo France. Et la chaleur devrait «nettement s’intensifier» au cours de la journée et générer les températures les plus élevées de la semaine dans le Sud. Dans l’épicentre de la fournaise, du nord Aquitaine à l’ouest de l’Occitanie, 39,3°C ont pour l’heure été atteints à Belin-Béliet (Gironde), soit 11 degrés de plus que la norme, selon les premiers relevés de Météo France. Bordeaux a dépassé les 38°C en milieu d’après-midi. Le maire de la ville, Pierre Hurmic, avait annoncé dimanche «des mesures de sécurité immédiate», dont l’extension de l’ouverture des parcs et piscines publics, ainsi qu’une assistance renforcée pour les personnes âgées isolées et les sans-abri. Dans le Sud-Est, Météo France relève 40,6°C dans l’Hérault à Moulès-et-Baucels.
L’épisode, commencé dimanche dans le Sud-Ouest, va s’étendre vers le nord durant les prochains jours. Une masse d’air très chaud en provenance d’Espagne devrait remonter mardi. Ce jour-là, «les 36°C seront atteints ou dépassés sur une grande partie du pays», avertit Météo France. Environ 35°C sont attendus à Paris, soit près de 10 degrés de plus que la normale, en pleins Jeux olympiques. L’Ile-de-France, en vigilance jaune mardi, a activé son plan canicule, qui prévoit la distribution de plus de 2,5 millions de briquettes d’eau dans les transports en commun et «de près de 200 000 chapeaux, éventails ou gourdes» aux spectateurs des JO. Les tribunes temporaires installées à ciel ouvert dans la capitale ne sont pas ombragées et de nombreuses épreuves sont prévues mardi après-midi. Aucun report n’est pour l’heure décidé.
Ce même jour, la chaleur devrait légèrement redescendre dans le Sud, avec tout de même quelques pics frôlant localement les 40°C. Mercredi malmènera aussi les organismes : ce devrait être «la journée la plus chaude de la séquence à l’échelle nationale», précise Météo France, en raison de températures qui resteront particulièrement élevées la nuit sur le territoire, malgré des maximales à la baisse. Jeudi, après une matinée encore étouffante et des pics à 38°C dans le Sud-Est, un rafraîchissement devrait enfin mettre un terme à cet épisode.
Des canicules à gogo
Cette 48e vague de chaleur s’ajoute au compteur national (les mesures ont débuté en 1947). Avec le changement climatique, ces vagues «sont de plus en plus intenses, fréquentes, précoces et longues», a souligné samedi Matthieu Sorel, climatologue, lors d’un point de presse samedi de Météo-France. Avant 1989, le pays en connaissait en moyenne une tous les cinq ans ; depuis 2000, elles reviennent chaque année, et commencent parfois en juin (comme en 2022 et 2019).
Comme à chaque canicule, la chaleur crée des conditions plus propices au développement des feux de forêt, sur l’arc méditerranéen mais aussi dans le Sud-Ouest. A partir de ce lundi et jusqu’à mercredi au moins, en Gironde, «sous l’influence des températures élevées et humidités assez basses», le risque est désormais classé jaune (c’est-à-dire «modéré») pour la première fois de l’année par Météo France. De quoi faire ressurgir l’inquiétude dans un département touché par des incendies monstres il y a deux ans.