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Le Conseil de Paris vote le triplement du tarif de stationnement pour les véhicules les plus lourds

La ville a validé ce mardi 21 mai une majoration du stationnement des véhicules thermiques et hybrides de plus de 1,6 tonne, et électriques de plus de 2 tonnes. Si la communication de la mairie visait les SUV, seul le poids du véhicule déterminera le tarif.
Les 5,68% de Parisiens qui s’étaient déplacés le 4 février avaient majoritairement voté pour à la question : «Pour ou contre la création d’un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes ?» (Dimitar Dilkoff/AFP)
publié le 21 mai 2024 à 18h08

C’est la fin d’une première bataille qu’a entamée la mairie de Paris contre les véhicules les plus lourds. Ou plutôt une nouvelle étape dans la volonté qu’a l’exécutif de la capitale de faire reculer l’usage des voitures sur son territoire. Ce mardi 21 mai, le Conseil de Paris a voté le triplement du tarif de stationnement des véhicules les plus lourds. Le processus démocratique avait été entamé le 4 février, avec une votation. Les 5,68 % de Parisiens qui s’étaient alors déplacés avaient majoritairement voté pour à la question : «Pour ou contre la création d’un tarif spécifique pour le stationnement des voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes ?»

Dans le détail, le propriétaire d’une voiture thermique ou hybride de 1,6 tonne, ou électrique de 2 tonnes souhaitant se garer six heures de suite dans les arrondissements centraux de Paris (du Ier au XIe) devra, à partir du 1er octobre, s’acquitter de 225 euros, contre 75 euros actuellement. Dans les autres arrondissements, le tarif sera moins élevé mais restera prohibitif. La première heure, les voitures concernées devront payer entre 12 et 18 euros. «Ce vote est une étape mais pas la fin du grand débat que nous devons mener sur les véhicules qui sont trop lourds, trop encombrants, et donc néfastes pour la sécurité comme pour l’environnement. Les collectivités, comme Paris ou Lyon, s’en emparent avec le seul levier qu’ils ont, le prix du stationnement», explique à Libération David Belliard après le vote au Conseil de Paris.

Si les campagnes de communication de la capitale pointaient nommément les SUV («sport utility vehicle» ou «véhicule utilitaire sportif»), le dispositif vise en réalité le poids des voitures individuelles, qu’il s’agisse de berlines ou de SUV – le terme n’apparaît d’ailleurs même pas dans l’exposé des motifs du projet de délibération voté ce mardi. Par exemple, les Renault Captur ou Peugeot 2008, classés SUV par les constructeurs, ne seront pas concernées, en raison de leur poids inférieur à 1,6 tonne.

Polémique sur le stationnement résidentiel

La question des véhicules hybrides, bien moins polluants en ville qu’une voiture thermique quand ils sont chargés suffisamment et roulent sur la batterie, n’a pas évolué : s’ils font plus de 1,6 tonne, ils paieront le tarif majoré. Pourtant le poids de leur batterie les pénalise. Concrètement, une Peugeot 3008 Puretech de 180 chevaux de 1 429 kg roulant à l’essence paiera 6 euros de l’heure dans les arrondissements centraux quand le même modèle, de même puissance, en version hybride paiera 18 euros de l’heure alors qu’il peut faire plus de 50 km à l’électricité. Mais plus largement, la mairie de Paris veut poser la question de la place de l’automobile dans la vie de tous les jours. «La voiture assigne une grande majorité de nos concitoyens car 80 % des gens en ont besoin au quotidien, estime David Belliard. Elle génère aussi des tensions politiques très fortes. Et ce clivage tend à éloigner les populations des centres urbains, qui peuvent s’en passer, des autres. C’est donc maintenant au gouvernement et à l’Europe de s’emparer de ce sujet.»

La semaine dernière, une polémique avait par ailleurs éclaté sur le stationnement résidentiel. Il était alors question de faire payer le stationnement résidentiel aux Parisiens possédant un véhicule lourd, électrique ou hybride, alors qu’ils en sont exemptés actuellement. Une disposition qui n’apparaissait pas dans le projet de la mairie soumis à une votation début février, qui a été ajoutée par la suite par la ville. Mais vendredi, l’exécutif a fait machine arrière, sur cette mesure qui n’aurait concerné que 1 150 personnes, arguant d’«une incompréhension» : «La mairie de Paris, profondément attachée au sens du vote exprimé par les Parisiens, a entendu la bonne foi de ces propriétaires de véhicules et annonce le maintien de la gratuité de leur stationnement résidentiel.» En janvier, la Cour des comptes européenne rappelait : «L’amélioration continue des technologies de motorisation et l’introduction de groupes motopropulseurs hybrides ont rendu les moteurs plus efficients, mais l’augmentation de la masse des véhicules associée à des moteurs plus puissants neutralise l’effet des progrès technologiques.»