On les rêve, les poétise, les dévisage, les redoute, les cartographie. Ils sont autant objets de contemplation que de récits apocalyptiques. Peuplent la fantasmagorie. Bref, les nuages magnétisent. Dans le champ scientifique aussi, ces amas cotonneux captivent. Mais l’intérêt qu’on leur porte cache une réalité moins légère : sur une Terre en surchauffe et déréglée, la couverture nuageuse présente de grands risques de métamorphose. Le problème est d’importance car les nuages sont la bête noire des modélisateurs. Un mystère suspendu dans la communauté des savants.
Anticiper leurs comportements futurs, leur physionomie prochaine, leurs effets déterminants sur le climat, relève de la mission laborieuse, mais primordiale. «Le rôle des nuages était un gros sujet dans les années 80-90, et puis d’autres thématiques importantes pour l’étude du changement climatique sont apparues et les efforts de recherche se sont éparpillés, contextualise Sandrine Bony, directrice de recherche CNRS au Laboratoire de météorologie dynamique (LMD). Aujourd’hui, les nuages se rappellent à nous parce qu’ils sont l’une des principales incertitudes pour les prévisions climatiques. On ne peut les ignorer.»
Interview
Sans aucun doute, «la» grande énigme porte sur le rôle des changements nuageux dans l’amplitude du réchauffement climatique. Cette interrogation devenue obsession, les chercheurs lui donnent un nom : la «rétroaction radiative des nuages». En moyenne, ceux-ci ont un effet refroidi