Menu
Libération
Orange et vert

Les Pays-Bas verdissent leur (nouveau) gouvernement

Le quatrième gouvernement de coalition consécutif du Premier ministre Mark Rutte a enfin été investi lundi aux Pays-Bas avec des promesses d’investissements importants pour la lutte contre le changement climatique.
Le roi des Pays-Bas Willem-Alexander pose avec le Premier ministre Mark Rutte et son... quatrième gouvernement consécutif. (Sem Van Der Wal /AFP)
par AFP
publié le 11 janvier 2022 à 12h06

Mêmes têtes, mais nouvel objectif. Le nouveau gouvernement des Pays-Bas, investi lundi 10 janvier, veut prendre un tournant écolo. Baptisé «Rutte IV», il entend construire deux centrales nucléaires et prévoit de consacrer 35 milliards d’euros sur 10 ans au réchauffement climatique – une menace majeure pour les Pays-Bas, dont un tiers du territoire se trouve sous le niveau de la mer. Il souhaite aussi se pencher sur le besoin de construire de nouveaux logements, la sécurité ainsi que sur les plans relatifs au changement climatique dans un pays dépendant fortement du gaz.

Malgré un record de 271 jours de négociations après les élections législatives de mi-mars, la nouvelle coalition est composée des quatre mêmes partis que dans le dernier gouvernement : le VVD de centre droit de Mark Rutte, le D66 de centre gauche de Sigrid Kaag, le CDA de centre droit de Wopke Hoekstra et le Christen Unie (conservateurs). Ce gouvernement sortant avait démissionné en janvier 2021 à la suite d’un scandale administratif au cours duquel des milliers de parents avaient été accusés à tort de fraude aux allocations familiales.

Ministre «pour le Climat et l’Energie»

A la tête du nouveau gouvernement, Mark Rutte, surnommé le Premier ministre «Teflon» pour sa capacité à rester au pouvoir malgré les scandales et les crises politiques, et bien connu pour ses déplacements personnels et officiels à bicyclette. Face au scepticisme ambiant, il promet un nouveau départ, bien qu’il soit Premier ministre depuis 2010, ce qui fait de lui le dirigeant de l’Union européenne le plus longtemps en poste, après le Hongrois Viktor Orban.

Les Pays-Bas se dotent pour la première fois d’un ministre pour le Climat et l’Energie, en la personne de Rob Jetten, 34 ans, et le nouveau gouvernement a affiché l’objectif de la neutralité carbone d’ici 2050. Il entend «rattraper son retard dans le domaine du changement climatique», reconnaissant que la tâche était «considérable».

Le nouveau gouvernement compte également un nombre record de femmes, 14 sur un total de 29 ministres et secrétaires d’Etat. Sur vingt ministres, dix sont des femmes. L’un des postes les plus importants a été alloué à Sigrid Kaag, première femme ministre des Finances. Souffrante à cause du coronavirus, elle a prêté serment par visioconférence, aussi une première aux Pays-Bas. Son prédécesseur Wopke Hoekstra devient ministre des Affaires étrangères.

Au poste des Finances, Sigrid Kaag, ancienne diplomate de 60 ans, pourrait apaiser les tensions à Bruxelles, les Pays-Bas faisant partie des quatre pays dits «frugaux» (avec l’Autriche, le Danemark et Suède), partisans de la rigueur budgétaire et se heurtant fréquemment aux Etats du sud de l’Europe.

Mark Rutte devrait devenir plus tard cette année le Premier ministre le plus longtemps en poste à La Haye, même si la gestion de la pandémie de coronavirus reste politiquement sensible. Le populiste d’extrême droite et coronasceptique Thierry Baudet s’est fait le porte-voix d’une révolte qui a déclenché de violentes émeutes l’année dernière. Et un militant anti-vaccination a récemment été arrêté pour avoir brandi une torche allumée devant la maison de Sigrid Kaag.