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Libération
Crise climatique

L’Organisation météorologique mondiale alerte sur les «pénuries d’eau» et l’aggravation du «stress hydrique»

Dans un rapport consacré à «l’état des ressources en eau» publié ce lundi 7 octobre, l’instance onusienne s’alarme: en 2023 les rivières ont enregistré des niveaux de sécheresse inédits depuis trente ans et les glaciers ont subi leur pire fonte en cinquante ans d’observation.
Des habitants des villages bordant le lac asséché de Puraquequara, à São Francisco do Mainã, dans l'Etat d'Amazonas, au Brésil, mardi 1er octobre. (Bruno Kelly/REUTERS)
publié le 7 octobre 2024 à 10h00

«Les signaux d’alerte se multiplient.» Et quand c’est Celeste Saulo, la secrétaire générale de l’Organisation météorologie mondiale (OMM), qui le dit, le message est on ne peut plus sérieux. Dans un rapport publié ce lundi 7 octobre, son institution tire la sonnette d’alarme sur l’état des ressources en eau dans le monde et sur les modifications des cycles hydriques liées au réchauffement de la Terre. «Nous assistons à une exacerbation des précipitations, des crues et des sécheresses extrêmes […]. Nous sommes confrontés à des situations de plus en plus difficiles, où l’eau est soit trop abondante soit insuffisante, s’inquiète l’instance onusienne. Dans le contexte du changement climatique, l’eau nous donne un avant-goût des évolutions à venir. Pourtant, nous ne prenons pas les mesures urgentes qui s’imposent.»

Le niveau des rivières «le plus bas depuis trente-trois ans»

Depuis plusieurs semaines, le monde voit s’enchaîner des événements funestes liés aux inondations. Tempête Boris en Europe centrale, super-typhon Yagi en Asie du Sud-Est, vagues de déluge dans la bande sahélo-saharienne, pluies diluviennes au Népal, ouragan Hélène aux Etats-Unis… Sur ce point, la science est formelle : plus la planète continuera de se réchauffer, plus le risque de voir les précipitations s’intensifier sera important (une atmosphère plus chaude contenant plus d’humidité). Mais dans son rapport, l’Organisation météorologie mondiale tient à mettre en garde contre un autre effet majeur de la hausse des températures : celui des sécheresses exacerbées et des pénuries d’eau. Quelque 3,6 milliards de personnes ont actuellement «un accès insuffisant à l’eau au moins un mois par an», explique l’organisation de l’ONU. Un chiffre qui pourrait, d’après elle, dépasser les 5 milliards d’individus d’ici 2050.

En 2023, année la plus chaude jamais enregistrée, les rivières ont atteint un niveau de sécheresse sans précédent, «le plus bas depuis trente-trois ans», précise l’OMM. Plus de 50% des bassins-versants mondiaux ont connu des «écarts de débit par rapport aux conditions proches de la normale», la plupart affichant des hauteurs inférieures. Les cours d’eau d’Amérique centrale, du Sud et du Nord (excepté l’Alaska) ont notamment atteint des niveaux d’eau exceptionnellement modestes. «Le Sud des Etats-Unis, l’Amérique centrale, l’Argentine, l’Uruguay, le Pérou et le Brésil ont été touchés par une sécheresse généralisée, qui a entraîné une perte de 3% du produit intérieur brut en Argentine et les niveaux d’eau les plus bas jamais observés en Amazonie et dans le lac Titicaca», dit l’agence. Le célèbre fleuve Amazone, d’ailleurs, n’est toujours pas sorti de cet épisode, et subit actuellement des baisses «de 80% à 90%» à certains endroits.

«La sécurité hydrique de plusieurs millions de personnes» menacée

Outre les sécheresses, l’Organisation météorologie mondiale s’inquiète de la fonte des glaces qui «menace la sécurité hydrique à long terme de plusieurs millions de personnes». D’après ses données préliminaires, les glaciers auraient perdu plus de 600 gigatonnes d’eau entre septembre 2022 et août 2023, «ce qui représente la pire perte en cinquante ans d’observation». L’OMM pointe en particulier une «fonte extrême» dans l’Ouest de l’Amérique du Nord et dans les Alpes et souligne que les Andes méridionales, l’Arctique russe et le Svalbard voient de leur côté la «fonte continuer de s’accélérer».