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Louvre : des militantes écologistes aspergent «la Joconde» de soupe pour revendiquer l’accès une «alimentation saine et durable»

Lors de ce coup d’éclat, le collectif Riposte alimentaire a dénoncé un «système agricole […] malade». Le tableau est, lui, protégé d’une vitre blindée.
Deux militantes se revendiquant du collectif Riposte alimentaire ont aspergé «la Joconde» de soupe au potiron ce dimanche 28 janvier au matin au Louvre, à Paris. (David Cantiniaux/AFP)
publié le 28 janvier 2024 à 11h16
(mis à jour le 28 janvier 2024 à 13h20)

La peinture la plus célèbre du monde, la Joconde de Léonard de Vinci ou plutôt la vitre blindée la protégeant, a été aspergée de soupe. Ce dimanche 28 janvier au matin, deux militantes se revendiquant du collectif Riposte alimentaire ont procédé à un coup d’éclat au musée du Louvre, reprenant un mode d’action ayant fait ces preuves ces deux dernières années. «Qu’est-ce qu’il y a de plus important ? L’art ou le droit à une alimentation saine et durable ?», questionnent-elles à deux voix. Elles ont ensuite été interpellées. Selon le Louvre, elles avaient caché la soupe au potiron dans un thermos à café. La nourriture est en effet acceptée à l’entrée de l’établissement, qui avait expérimenté une interdiction par le passé sur laquelle il est finalement revenu, notamment parce qu’il est possible d’en acheter à l’intérieur du musée.

«La Joconde, comme notre patrimoine, appartient aux générations futures. Aucune cause ne peut justifier qu’il soit pris pour cible», a aussitôt condamné la ministre de la Culture, Rachida Dati, sur X. «Je ne suis pas sûre que la Joconde soit la plus grande pollueuse de France. Ça rime à quoi ?» a pour sa part tonné Prisca Thévenot, porte-parole du gouvernement, sur la chaîne de télévision France 3.

En pleine mobilisation des agriculteurs et alors que le Premier ministre, Gabriel Attal, est encore ce matin auprès d’eux en Indre-et-Loire, cette action visait à mettre en lumière un «système agricole […] malade». Les militantes ajoutent : «Nos agriculteurs meurent au travail. Un Français sur trois ne fait pas tous ses repas tous les jours.» Dans un communiqué, le collectif se présente comme «une campagne de résistance civile française qui vise à impulser un changement radical de société sur le plan climatique et social». Le jet de soupe sur «La Joconde» y est présenté comme «le coup d’envoi (d’une) campagne de résistance civile, qui porte une demande claire, profitable à toutes et tous : la sécurité sociale de l’alimentation durable».

«Carte Vitale de l’alimentation»

Pointant la responsabilité de «l’industrie agroalimentaire» via l’augmentation de ses marges, «des traités de libre-échange européens [qui] créent les conditions d’une concurrence déloyale» tout en s’alarmant des «conséquences environnementales extrêmement inquiétantes» de notre système agricole «responsable de 21 % des émissions de gaz à effet de serre nationales», le collectif souhaite permettre à chaque habitant de «bénéficier d’une carte Vitale de l’alimentation d’un montant de 150 euros par mois et par personne, enfant comme adulte». Cette somme, financée par un système de cotisations, permettrait d’acheter des «produits conventionnés et sélectionnés démocratiquement, par des assemblées informées des enjeux écologiques et agricoles».

Après ce happening visant à mettre la lumière sur ces revendications, le Louvre a rapidement activé une cellule de crise : la salle où se trouve la Joconde a été immédiatement évacuée et est en cours de nettoyage. Depuis deux ans, une série d’opérations militantes a visé des œuvres dans plusieurs musées à travers le monde. Soigneusement protégée depuis 2005, la Joconde avait été la cible d’une tarte à la crème en mai 2022. Quelques mois plus tard, En octobre 2022, deux jeunes femmes du groupe «Just Stop Oil» avaient également projeté le contenu de deux boîtes de soupe à la tomate sur le chef-d’œuvre de Van Gogh les Tournesols à la National Gallery à Londres, avant de se coller au mur en criant : «Qu’est-ce qui vaut le plus, l’art ou la vie ?» Ce tableau était, lui aussi, protégé par une vitre. Dans d’autres musées, des militants ont collé leurs mains sur une peinture de Goya à Madrid, maculé de peinture rouge et noire la cage de plexiglas entourant la Petite Danseuse de 14 ans de Degas à Washington, ou encore étalé de la purée de pommes de terre sur un chef-d’œuvre de Claude Monet à Potsdam, près de Berlin.

Plus largement, des mouvements de désobéissance civile ont aussi récemment perturbé des événements sportifs ou bloqué la circulation dans les pays occidentaux, pour dénoncer l’inaction des gouvernements et du monde économique.

Mise à jour à 12 h 03 avec des détails des revendications du collectif ; à 13 h 15 avec davantage de contexte et de réactions politiques.