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Libération
Les lanceuses d’alerte 4/4

Marie-Lys Bibeyran, dans la vigne de mire

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Deux ans après avoir mis fin à ses activités militantes, l’ancienne travailleuse viticole dans le Médoc, qui s’est battue contre les pesticides, peine à reprendre une vie normale.
Marie-Lys Bibeyran, à Listrac-Médoc, où elle vit, le 23 septembre 2024. (Céline Levain/Mirage Collectif pour Libération)
publié le 1er janvier 2025 à 11h26

Des portes fermées, des dénigrements, des amis perdus. Voici comme elle résume presque quinze ans de militantisme contre les pesticides dans la viticulture Bordelaise. Après une demi-heure à réciter son parcours sur un ton monocorde, assise voûtée sur une chaise dans son salon encombré, Marie-Lys Bibeyran souffle, enfin, sa lassitude. «Pour la première fois de ma vie depuis 2011, je pense que j’aurais mieux fait de la fermer, lâche-t-elle les yeux dans le vague. Et pourtant je n’avais jamais regretté. Même quand j’étais en plein dedans, que c’était très dur, jamais.» Pourquoi maintenant ? Un haussement d’épaules. «Je me dis, tout ça pour ça, quoi.»

Quelques mois plus tôt, Marie-Lys Bibeyran a publié un livre, On vous le dira dans vingt ans. Pesticides, vin et bouche cousue, sorti le 12 avril 2024 aux éditions BBD. Le sous-titre est explicite. Le titre plus personnel : c’est la réponse du cancérologue à son frère, quand il lui a demandé si sa maladie était liée à son travail, vigneron tractoriste. Elle n’a jamais digéré ce cynisme. Denis Bibeyran n’avait pas vingt ans devant lui, mais dix mois d’expérience de vie à son diagnostic. Il est décédé d’un cancer des voies biliaires en 2009, à 46 ans, dont 24 à bo